04/03/2010

[Médito] La vitirine d'une ville


Une ville existe à travers le regard que les habitants portent sur elle. Autrement dit elle comporte autant de facettes qu'il y a d'habitants. Car chacun vit la ville au rythme de la quotidienneté la plus immédiate. Bien entendu certains regards se croisent et se rejoignent. Une ville fonctionne à ce titre comme un micro-société où les débats nationaux et même internationaux ont des répercutions locales.






Comment naît une ville ? se demande Erik ORSENNA dans son précis sur la mondialisation 1: "Voyage au pays du coton".
Soudain quelqu'un s'arrête. Un homme peut-être accompagné de sa famille. Il vient de loin, d'un endroit de la terre où il n'avait plus d'espérance. Sinon aurait-il choisi l'exil ? Il arrive d'Allemagne ou de Tchécoslovaquie. Il croyait débarquer à New York. Sans le prévenir, on l'a dérouté vers un port de Louisianne ou du Texas. La Nouvelle-Angleterre se juge surpeuplée. Que les émigrants aillent s'installer ailleurs. Depuis il marche. Un chariot l'accompagne, portant toute sa richesse. Il faut imaginer la lenteur : dix ou quinze miles par jour (vingt kilomètres). Depuis des semaines le paysage n'a pas changé : la plaine, toujours la plaine, seulement plantée de courtes broussailles.Soudain l'homme s'arrête. Nul point d'eau pour s'abreuver, nulle falaise pour se protéger du vent. Pourquoi ici plutôt qu'ailleurs ? Pourquoi aujourd'hui plutôt que demain ? Et pourtant il s'arrête, personne ne lui ferait faire un pas de plus. Dès le lendemain il se met au travail. Bientôt un autre homme, une autre famille le rejoignent. Cent ans plus tard, ils sont cent cinquante mille à vivre au milieu de ce grand rien.[1][1] Voyage au pays du coton, Erik ORSENNA, Fayard, 2006.



Qu'est-ce qu'une ville ? Dans son sens le plus restrictif, une ville est d'abord un site naturel dans l'espace géographique. Ce site construit s'organise en quartiers jouant des rôles différents et complémentaires. Il est ensuite structuré principalement par les réseaux de voiries.Autrement dit si la morphologie d'une ville en dit long sur la manière dont les gens y vivent, à l'inverse ceux-ci peuvent devenir victimes de cette configuration de l'espace. Je pense par exemple à l'isolement des quartiers. C'est alors que l'aménagement de l'espace, l'urbanisation joue un rôle fondamental. Et la mobilité constitue le lien final qui facilite la cohésion.
A la manière de l’étal d’un magasin, la vitrine d’une ville se caractérise entre autres facettes par l’ensemble des enseignes qu’elle accueille et abrite. En ce sens elle est une mosaïque d’activités souvent diverses. C’est à travers cet aspect non exclusif mais réel que l’on mesure son dynamisme et son attractivité. Aspect qui influence autant les chefs d’entreprises pour y installer leur activité que les habitants pour y construire leur foyer.
La ville c'est la collectivité première autrement dit de référence. J'habite donc je suis pourrait-on presque dire.

Dans ses écrits sur la ville, Jacques DONZELOT nous rappelle qu près de 50% de la population y vit. Le reste demeurant en secteur rural, par choix ou nécessité. Mais au-delà de la dichotomie ville versus campagne, ces deux types de territoire ont pour point commun d'accueillir des habitants qui en font leur lieu de vie.


"Angers, l'endormie ou audacieuse ?" titrait l'édition Ouest-France du Maine et Loire il y a plusieurs semaines en tentant la personnifaction. Un débat fort intéressant s'en est suivi entre internautes. Il est vrai que la ville vit au rythme de ses hôtes.



A mon sens, Angers n'est ni endormie, ni audancieuse mais comme toutes ville ne demande qu'à devenir elle-même. Longtemps contenue, il lui faut aujourd'hui passer cette adolescence douloureuse afin de s'émanciper. "Ose devenir qui tu es, à te regarder ils s'habitueront" disait René Char. En ce qui concerne Angers, il lui faut saisir toutes les opportunités lui permettant un développement qui s'inscrive dans le 21e siècle. Mais elle doit surtout s'inscrire dans une identité caractéristique afin de ne pas répondre à toutes les sollicitations de manière opportunistes. Dans la continuité de la ligne du tramway il faut tisser une ligne directrice pour l'ensemble des sujets d'intervention de la ville.

La valorisation des individus passe aussi par celui de leur environnement. Et chacun sait que la reconnaissance est importante dans l'existence. Reste à trouver quel aspect mettre en avant. Angers est une ville…ni trop petite, ni trop grande. Ni trop urbaine, ni trop rurale. Ni trop au nord de la France, ni trop au sud. Ni trop raisonnable, ni trop audacieuse. Bref avec aucune caractéristique qui permette de l’identifier, si ce n'est cette écrasante douceur. Angers serait-elle une ville… commune… sans personnalité ? Non car la ville est active dans de nombreux domaines. C’est peut-être pour cela qu’elle ne se distingue pas sur un sujet. « Qui trop embrasse mal étreint », dit-on. Or la reconnaissance passe par la spécialité sur une question ou dans un domaine. Il serait donc peu pertinent de lancer une nouvelle initiative alors que l’existant n’attend que d’être valorisé. D’ailleurs, la ville n’est-elle pas déjà la deuxième ville de France pour sa politique dans le domaine du développement durable. Faisons en sorte qu’elle obtienne la première place. Et pourquoi pas être à l’initiative d’un label du genre le « festival durable ». Quand on ne trouve pas satisfaction dans ce qui existe, on le crée.

Un symbole de l'urbanisme.

Si je devais retenir un objet symbolique ce serait un lampadaire. En effet le lampadaire, composante du mobilier urbain est une lampe au chevet de la ville.

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