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01/09/2014

[Médito] Ici et maintenant

Entre l'illusoire fuite en avant et l'impossible retour en arrière, il devient nécessaire de vivre au présent, temps du pragmatisme et de la lucidité. Et si la rentrée se révélait une occasion pour tenter le lâcher prise ? C'est à dire échelonner les objectifs de moyens et de résultats selon une graduation réaliste.

Paris, août 2012

A la différence du début de l'année civile, qui témoigne des résolutions d'ordre général à suivre, la rentrée de septembre s'illustre par des objectifs précis à mettre en oeuvre. Renouveau pour les uns - en particulier les acteurs de l'éducation et du milieu associatif - poursuite pour les autres, ce moment s'inscrit pour chacun dans une continuité qu'il peut être utile de remettre en cause. 

S'il importe d'être attentif aux opportunités tant il est vrai que le plat de la chance ne passe que rarement deux fois consécutives, la volonté inconsidérée de maîtriser les choses ne rendent pas plus la vue qu'elle n'apporte la concentration nécessaire. Dans la vie personnelle comme professionnelle, le lâcher prise donne à voir les événements sous un angle nouveau, parfois propice à des réactions plus spontanées qu'instinctives. Et si la rentrée se révélait une formidable opportunité pour tenter de transformer l'objectif de résultat en un objectif de moyen ? Une manière de se donner la possibilité d'entreprendre autrement son activité.

[Dans le récit comme dans la vie, le présent est le temps de l'action. 
C'est ainsi que l'on s'engage et que l'on rapporte les faits]
                                 
Considérer qu'à l'impossible nul n'est tenu  n'exclut pas une démarche volontariste mais défend l'idée qu'il faut adapter ses efforts à la mesure du contexte tout en créant les conditions d'un environnement favorable à l'émergence d'opportunités. Il faut se tenir prêt à accueillir ce qui vient  et le cultiver tel un capital pour l'avenir. A la différence du célèbre carpe-diem qui ne se soucie pas d'autre chose que de l'événement quotidien, dans le présent de l'action, ce que je fais aujourd'hui est une base pour demain. 
Lâcher prise ne signifie en aucun cas arrêter d'agir ni même diminuer l'amplitude de son activité mais implique seulement de conduire autrement ses actes selon une organisation adaptée à son propre équilibre. Cette posture permet en outre d'être plus efficace et d'éviter l'épuisement nerveux. Il s'agit par conséquent de réorienter ses efforts sur ce qui est modifiable en lâchant littéralement l'irrémédiable. Cela revient à envisager son volontarisme au-delà de ce qui est vain, en tenant compte des contraintes afin d'inscrire celui-ci dans une logique d'efficience. 


01/04/2014

DOSSIER | L'éthique, comportement moral d'une société en quête de sens


| EDITORIAL | Ethique de la personne 


La question de l'éthique au sein de la société est le plus souvent envisagée à travers deux regard distincts. Celui porté auprès des dirigeants qui engagent une responsabilité collective et s'illustre par des pratiques sociales et auxquels nous attendons un comportement exemplaire. L'autre regard désignée par la bioéthique s'intéresse à la recherche médicale et encadre les questions de santé. Le trait commun qui se dégage se manifeste à travers la relation de pouvoir et d'autorité qu'une société est en droit de s'administrer. L'éthique pose dans ce cas les limites en proposant de s'interroger sur un principe d'ordre moral : que dois-je faire ? Elle exprime alors le devoir de responsabilité et pousse les chercheurs, législateurs et dirigeants de tous poils à s'interroger sur leurs pratiques. 
Cependant, l'éthique peut également s'envisager sous l'angle du droit des citoyens. Dans ce cas, l'éthique pose une autre forme de limite, celle de savoir jusqu'où peut aller la liberté individuelle. Il importe alors de se questionner sur ce qui fonde le caractère commun des membres d'une société et les piliers qui garantissent la cohésion de celle-ci. C'est là qu'apparaît l'éthique de la personne comme respect de la dignité. 




[L'éthique pose la question des limites en proposant de répondre à la question  : que doit-on faire ? là où le progrès répond à celle de que peut-on faire ? et le philosophe que veux-je faire ?]




L'émancipation des individus qui la composent est la question première de toute société. Et ce, à tous les niveaux du pouvoir. Car quel que soit l'âge des membres qui la composent, ceux-ci peuvent prétendre à accéder aux droits pour trouver leur place, s'épanouir dans un rôle et ainsi vivre tout simplement. Ainsi, appréhender l'individu comme une personne, c'est le considérer dans sa relation aux autres et au monde. La personne évolue au coeur de la complexité de l'existence. Mieux, elle l'incarne. 

Oser le doute, l'écouter et l'apprivoiser  est très certainement le plus sûr moyen de construire une vie éthique.

Si tout un chacun évolue dans une société commune, les besoins de chacun peuvent varier en fonction des âges ou des situations de la vie. Ainsi, le temps de l'enfance éveille aux premiers apprentissage ainsi qu'à la socialisation comme base de l'existence. La jeunesse marque une transition et un cheminement du déclic à l'itinéraire. La vie adulte offre les opportunités de construire une famille et d'affirmer la fonction parentale. Au fil des ces étapes, l'expérience construit la mémoire du parcours de vie de chaque personne. 

Au sommaire de ce dossier, retrouvez :


27/02/2014

[Expertise] Question de confiance(s)

La confiance est un ingrédient indispensable. Elle participe à l'énergie de nos activités humaines. Nous connaissons une époque de perte de confiance à plusieurs niveaux. Quelque soit la visée de leur engagement, tous ceux qui entreprennent un projet - qu'il soit professionnel, social, personnel - sont confrontés à la nécessaire confiance dans ce qu'ils font. Et il en faut souvent une sacrée dose pour aller de l'avant.

Si gagner la confiance de quelqu'un prend énormément plus de temps qu'il n'en faut pour perdre cette même confiance à ses yeux. La confiance que l'on a en quelqu'un dépend souvent de celle que nous avons de nous-même. L'expression "mettre sa confiance en quelqu'un" est sans détour.

Dans ce contexte, la question de la confiance rejoint trois dimensions.

La confiance que l'on a envers soi-même et qui rejoint le regard que l'on porte sur ses propres capacités. Cela se traduit par le fait que je crois suffisamment à ce que je fais pour persévérer même si les circonstances immédiates m'invitent à abandonner. Afin de ne pas être vaine, la persévérance nécessite de s'appuyer sur le goût que nous avons à faire telle chose. Cela nous aidera à surmonter les éventuels échecs. 

La confiance que l'on porte aux autres et qui nous permet de dépasser nos idées toutes faites et nos jugement. En effet, l'idée première que l'on se fait sur quelqu'un n'est pas forcément la bonne. Elle peut être le fruit de circonstances ou d'un contexte influant. On gagne toujours à penser que chacun est perfectible. 

Enfin, la confiance que l'on développe face à la vie qui se traduit par des pensées positives et le sentiment que les opportunités existent si l'on daigne bien le regarder. 

Toutes les trois sont bien évidemment liées à l'histoire, au parcours ainsi qu'aux opportunités que chacun découvre au cours de sa vie.

20/09/2013

[Médito] Rythmes

A chacun son rythme nous dicte la sagesse, mais il est parfois des rythmes imposés, tel que celui de la rentrée. Tributaire du cycle des saisons, du règne du soleil et de la  lune, de l'âge qui avance, chacun de nous est prisonnier d'un temps qui demeure notre maître. Et que l'on peut aisément transformer en allié.

En cette rentrée scolaire 2013, un nouveau découpage de la semaine d'école commence à voir le jour auprès des élèves de l'enseignement primaire dans quelques écoles du pays. Dans la précipitation disent certains. A rebours ou au contraire dans le sens des besoins de l'enfant disent d'autres. Chaque argument se rapportant à la même dimension du "temps" qui se trouvera demain chamboulé. Qu'on cherche à le maîtriser où qu'on le laisse filer, le temps est un invariant de nos vies. 

[Le temps ouvre à la maturation des choses et de ce fait demeure un ingrédient indispensable de la réflexion comme de l'action.]

Il faut savoir s'en saisir au moment opportun puis couper court pour passer une étape supplémentaire afin d'agir sur le cours de choses. Car si la main de l'homme ne peut suspendre le temps ni revenir en arrière, elle peut accélérer la marche du monde en un instant. Prendre la bonne décision au bon moment - et s'y tenir- c'est le propre de l'action politique. En décidant d'une intervention militaire où de l'échéance de la mise en place d'une réforme.

12/09/2013

[Portrait] Un regard éthique

En hommage au philosophe Albert JACQUARD, je publie ce post. D'aucuns le décrivent comme un scientifique en raison de son statut de généticien. Mais pour tous ceux qui ont lu son oeuvre, avec lui, la science est à considérer dans son acception la plus large et laisse une place à l'intuition. La méthode qu'il emploie pour décrypter le sujet humain est rationnelle mais la connaissance qu'il livre est pétrie d'affects. Le regard que cet humaniste porte sur le monde est tout à la fois ouvert, tendre et lucide. 

Quand un généticien se prend à pratiquer la philosophie, cela peut surprendre. Il n'y a vraiment rien de paradoxal mais disons cela peut paraître à  tout le moins hors de propos. Est-ce pour l'auteur une manière de se détendre et par conséquent de ne prendre au sérieux cette discipline ? Ou au contraire s'agit-il pour le scientifique d'un exercice fondamental en complément de sa discipline de référence. En réalité, les deux hypothèses répondent à ce besoin auquel se livre ici  Albert JACQUARD. 

Aussi ciblée et technique soit-elle, la génétique est un sujet constitutif de la vie en société. A n'en pas douter, cette discipline touche au plus profond de l'être humain en abordant le patrimoine génétique, l'individualité et par conséquent les paramètres de la vie humaine. C'est par conséquent une discipline qui nécessite de faire hautement appel à la réflexion. La célèbre phrase de Rabelais "science sans conscience n'est que ruine de l'âme" prend alors tout son sens. De plus, la génétique et la philosophie ne sont-elles pas les deux jambes de la bioéthique ? 


Ainsi, à travers une approche concrète des sujets, ces deux livres concis mais riches éveillent à une conscience philosophique autant qu'à la nécessaire responsabilité collective dans notre quotidien.

J'ai découvert ce premier ouvrage en terminal alors que je débuttais les cours de philo. C'est le moment où l'on s'initie enfin au maniement des idées et où il nous est possible de mettre des concepts sur nos affects.
«Exprimer une idée, avoue Albert JACQUARD, est une activité difficile à laquelle il faut s'exercer ; la télé supprime cet exercice ; nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole, et qui se défouleront par la violence.»



11/07/2011

[EDITO] Décrocher

C'est le début des vacances estivales. La pause généralement la plus longue de l'année. L'activité se tarie petit à petit jusqu'à la quasi cessation du mois d'août, le point de fermeture. Un mois durant, la plupart des entreprises auront leur portes closes et les salariés rempliront les plages, les musées, les parcs d'attraction...

A mi-parcours d'une année, c'est effectivement la meilleure période pour se ressourcer. Remettre à plat les résolutions du jour de l'an et faire un premier bilan. C'est aussi une période où la famille se retrouve. Des moments où toutes les générations d'une même fraterie vont sillonner la même herbe voire cohabiter dans le même maison.

Plus que tout cela, c'est sans doute aussi le moment où jamais pour décrocher du rythme insensé de l'actualité au sens large afin de se recentrer sur son entourage et réapprendre, si cela est nécessaire, à regarder l'autre qui se tient pourtant chaque jour à côté de soi. Profitons de ce temps, trop court, où le calme et la patience prennent le pas sur le stress et la compétition.

13/12/2010

[Débat] Philosopher ?


La philosophie, idéologie, doctrine ou spiritualité ?




Si les passions, les vices et les folies sont des dimensions qui éloignent l'homme de la vérité de la raison, elles sont inhérentes à la nature humaine. Chercher à les éliminer de notre vie devient alors une démarche vaine. Mieux vaut chercher à en comprendre le fonctionnement afin d'en devenir le maître et par là même ne plus en subir l'influence. C'est l'objet premier de l'exercice philosophique.

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, on distinguait la philosophie naturelle qui étudiait la nature et la philosophie morale qui concernait tout ce qui a trait à l'homme, à sa nature, à sa pensée, à ses rapports avec l'univers, à sa destinée et tout ce qui a trait aux principes premiers de la réalité : Dieu, l'âme… principes qui sont l'objet de la métaphysique ou philosophie première. Précise Roger CARATINI dans son ouvrage initiation à la philosophie.

C'est à cette époque qu'Emmanuel KANT affirmera quant à lui que l'on ne peut connaître l'homme si l'on ignore son milieu réunissant ainsi les deux composantes. A l'époque où j'étudiais à l'Institut Régional du Travail Social, je me souviens avoir indiqué cette citation dans le diagnostic de mon mémoire comme pour mieux me persuader que cette étape fastidieuse était somme toute indispensable.


J'ai découvert la réflexion philosophique sur un lit d'hôpital en parcourant l'Alchimiste de Paolo Coelho et me suis refusé après la lecture de ce récit à me laisser séduire par cette fable grotesque. Tout d'abord parce qu'il me semblait être un condensé sans âme de la bible que j'avais fini par connaître par cœur à force de l'entendre chaque dimanche. Et d'autre part, parce qu'il n'y était question que de destinée et de conviction sans argumentaire. Ce n'est que plus tard, en découvrant la pensée de Diderot à travers Jacques le Fataliste que j'ai découvert la vraie facette de l'existence que je voulais mener : comprendre pour mieux créer les conditions de mon évolution. Ce fût pour moi, avant l'heure de la terminale, la porte d'entrée de la philosophie.





Le but de la philosophie ne serait autre chose que de créer des concepts affirment sans laisser planer l'ombre d'un doute Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI dans leur ouvrage Qu'est-ce que la philosophie ?


A notre époque, cette discipline s'ouvre vers une définition très large. "La philosophie peut à présent se décrire comme une démarche très générale qui utilise tous les procédés dont l'esprit humain dispose pour réfléchir, comme l'observation, la déduction, le calcul, les ordinateurs, l'amour, l'extase, la parole, le silence, la souffrance. C'est une réflexion sur la totalité de l'être, aussi bien sur l'homme et sa destinée que sur la science et l'univers, sur l'histoire de l'humanité, sur la création du poète, du peintre ou du musicien. Sa prétention est encyclopédique" développe Roger CARATINI.


Déjà Voltaire et Diderot ont fait preuve d'originalité avec leur contes et nouvelles philosophiques.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les philosophes se sont exprimés à travers des procédés très diverses tels que le théâtre, la littérature pour Sartre et Camus et même le cinéma avec Bernard Henri-lévy.

Mais c'est à Zola que revient le prix de l'engagement dans le débat public à travers son célèbre J'accuse dans l'Aurore ou il prit la défense de Dreyfus. Depuis, il est non seulement de coutume mais également attendu que les philosophes éclairent de leur connaissance de la sagesse les sujets qui touchent à la vie de la cité.


La philosophie est par conséquent une activité intellectuelle sans pour autant être propriété de qui que ce soit. On peut être tout au plus son ami. Seulement, son exercice plein et entier nécessite un sens. En effet, philosopher demande une rigueur qui est marqué par un raisonnement le plus souvent dialectique (thèse, antithèse, synthèse) permettant de mesurer le poids des arguments et rationaliser l'émergence des passions. Mais cela ne veut pas pour autant dire qu'il faut mettre de côté le désir.



Selon la logique transcendantale telle que la décrit KANT, la science est une démarche par laquelle l'entendement humain met en ordre l'univers sensible en reliant les intuitions empiriques selon les lois générales de la pensée qui sont elles-mêmes indépendantes de l'expérience, c'est-à-dire a priori.


"L'univers est une totalité d'intuitions sensibles et je le connais en appliquant à ces intuitions les formes "a priori" que sont les catégories ; expliquer, c'est mettre en ordre une réalité désordonnée qui m'est extérieure" développe-t-il.


La philosophie peut donc peut donc être considéré comme une manière d'observer le monde suivant une démarche scientifique.

07/06/2010

La beauté simple

J’aime le beau et de ce fait me méfie du luxe. Le luxe est pour moi une fausse route dans l’apprentissage de la beauté du monde car il détourne notre regard des choses simples pour ne considérer la valeur qu’à travers son prix. Or le prix peut récompenser un travail comme faire référence à une simple marque symbole de prestige. Le revers de la Beauté se manifeste alors par une flatterie douteuse.

François CHENG déclare en substance que tous les jugements, tous les cultes et tous les rites peuvent disparaître, sauf un seul, celui de la beauté ?

La beauté serait-elle en se sens éternelle ? Elle est en tous les cas nécessaire à la vie humaine car elle contribue au bonheur en valorisant l’environnement dans lequel l’homme évolue.

J’ai rencontré la beauté aux détours de quelques circonstances, spontanée mais immuable. Rarement je ne l’ai caressée de l’autre côté des vitrines. Là je n’ai trouvé qu’une attirance, une séduction flatteuse de mon désir inassouvi.

Le luxe renvoie à l’avoir, à la possession. « J’ai donc je suis ». Alors que la beauté se caractérise par l’insaisissable de l’instant.

La beauté est sujet de désir là où le luxe n’en est que l’objet. Pour autant sur le chemin du désir, la vision de la beauté n’est qu’une étape.

Céder a l’attirance du luxe

tout ce qui est rare est cher a-t-on coutume de dire. La beauté est-elle cessairement rare ?

On voudrait parfois nous laisser croire que pare qu’une chose est sophistiquée, elle en devient tout à coup plus jolie. Plus travaillée certes et à ce titre pus précieuse mais pas nécessairement plus belle.

Et qu’en est-il de la valeur sentimentale ?

En vérité les choses les plus précieuses n’ont pas de prix. La plupart du temps inestimables, elles sortent du cadre de la Beauté pour rejoindre la part subjective du regard de chacun et se nourrissent de l’histoire de vie. Elles n’en deviennent que plus riches ainsi. Dans une contexte de chômage grandissant, le fait de travailler de vient un luxe.

10/05/2010

Une palette de goûts


En principe les goûts ne se discutent pas. Ils constituent la singularité de chaque individu. Ce qui revient à remettre en question une personne jusqu’au plus profond d’elle-même en critiquant seulement ses goûts. Et lorsque l’on se risque malgré tout à échanger sur les goûts respectifs de chacun, il faut se méfier des conséquences. C’est un sujet qui touche à la sensibilité de l’individu. Un mystérieux trait de notre identité que l’on peut somme toute éduquer.

Avoir du goût, assurément chacun peut revendiquer ce qui lui semble beau. Et ce qui est beau pour l’une ne le sera pas nécessairement pour l’autre. C’est ainsi qu’il est possible à chacun de trouver chaussure à son pied sans se marcher dessus. D’ailleurs tous les goûts sont dans la nature nous apprend un célèbre adage. C’est ce qui fait tout à la fois la richesse du monde et conserve la singularité de chacun. Il y a une telle multitude de goûts que l’on ne finit pas de les découvrir. Et pour quiconque, une vie humaine n’est pas suffisante pour en apprécier toutes les saveurs.

Néanmoins dit-on les goûts comme les couleurs ne se discutent pas. L’individu se caractérise pas des goûts qui lui sont propres. Même si au cours d’une existence les goûts peuvent évoluer, se transmettre on a coutume de penser qu’un individu sensible à telle ou telle chose le restera. Et qu’a l’inverse il lui sera difficile de s’habituer à autre chose.
L’ouverture culturelle est cependant un facteur essentiel d’épanouissement si l’on veut évoluer et mieux accepter les évolutions naturelles du monde qui nous entoure. On ne peut raisonnablement rester accroché au regard que l’on portait enfant ou à toute autre époque donnée.
Parfois à trop rester camper sur l’apprentissage de goûts sans aller chercher plus loin on finit par s’y perdre totalement.

Et l’apprentissage est un exercice parfois de longue haleine. Pour mes goûts musicaux par exemple, je m’en remets à Flaubert : « pour qu’une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps ».

Parmi les plus beaux albums que de musique que je possède, il n’en est pas un seul que j’ai aimé dès la première écoute. Chaque fois il m’a fallu écouter à plusieurs reprises les chansons, découvrir l’univers de l’album, me laisser pénétrer par de nouvelles sonorités avant d’en apprécier pleinement l’œuvre.

Certes mais ne dit-on pas de certaines personnes parfois : « cet homme a du goût ». Qu’a-t-il de plus que les autres. Un certain sens de l’esthétique et ce, par rapport à une norme bien entendu.

21/12/2009

Vivre tout simplement

A quelques jours des fêtes de fin d'année les guirlandes illuminent les rues. Le week end dernier, c'est à travers les fenêtres d'une polyclinique que je regardais les passants s'émerveiller comme chaque années devant ces éclairages éphémères. De là où je me trouvais la perception de ces temps de fêtes n'est bien sûr pas la même tout comme celle de la vie tout entière. Car dans la circonstance, ce n'est pas aux lumières accrochées aux guirlandes que l'on s'attache mais au fil lui-même. La vie imperturbablement certes, mais sous un autre angle.

"Dormir c'est vivre aussi". Longtemps ce slogan de santé publique m'est resté en tête après que je l'ai lu sur une affiche dans la salle d'attente d'un pédiatre il y a aujourd'hui un grand nombre d'années. A l'époque, ce lieu commun m'avait interpellé. Comment peut-on douter de cette affirmation ? Le sommeil peut-il un jour devenir une fin et non un moyen de gagner des forces pour repartir. J'avais l'âge où l'on ignore encore que la vie n'est pas éternelle. Puis j'ai découvert que pour certains, cette hyporthèse peut les aider à mieux vivre. L'idée d'éternité leur ouvre l'espérance. Pour les autres, on parlera d'espoir. Dans les deux cas, l'espérance comme l'espoir condamnent à l'attente.

Pourtant cette phrase porte un sens tout à fait essentiel. Ce message témoigne de l'importance du repos pour préserver sa vie. Mais également que le sommeil, berceau de nos rêves est également une des portes de l'existence. Bref, l'existence comme un fil ininterrompu, est un bijou et non un simple ornement de façade. Mais il faut savoir en goûter chaque moment afin de les recycler sous la forme de souvenirs.

L'avancée de la recherche scientifique pourtant exceptionnelle à ce jour reste vaine. La vie demeure un mystère pour ne pas dire Le Mystère. De notre place d'Homme, nous détenons pourtant, à quelques exceptions près le pouvoir de la donner ou de la reprendre. Une liberté protégée par un cadre légal. Et même le développement durable, cause unanimement défendue aujoud'hui ne doit pas laisser de côté la bioéthique, autre sujet majeur de ce siècle. Pis, il ne doit pas devenir un alibi à l'eugénisme. Car sous le couvert d'une certaine durabilité, tous les moyens peuvent être envisagés. Il doit demeurer un principe de précaution nécessaire à la préservation de la vie humaine. En aucun cas l'acharnement thérapeutique ne peut être justifié par le souhait de pousser toutjours plus loin les limites humaines. Seul le désir de vivre en est le moteur.

Dans une de ses plus célèbres chansons Serge GAINSBOURG avoue que la vie ne vaut d'être vécue sans amour. Pourtant si l'amour est une ré-jouissance il rend encore plus difficile la séparation au moment ultime. ''Dans l'amour véritable, l'autre ne vous manque pas, même s'il est absent. En vérité, il n'est jamais absent de vous. C'est précisément cela que l'on appelle l'amour'' affirme, rassurant, Denis Olivennes à propos de la philosophie de l'amour.


Comme toutes les belles histoires la vie a une fin mais la manière des histoires elle se perpétue dans la mémoire de ceux qui restent. A la mort de sa fille Jean-louis TRINTIGNANT prononça ces mots : "ne pleures pas celle que tu as perdu mais réjouis toi de l'avoir connue"

En bref et pour rester sur une note musicale, pensons comme souchon : "la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie".

07/12/2009

Pour vivre heureux, vivons cloîtré ?

A l'heure où s'est invité en France le débat suisse portant sur l'éventuelle menace des minarets, je me propose de vous exposer ma passion pour les cloîtres. Car en effet au-delà de la fonction première qu'un édifice religieux peut avoir pour les pratiquants, il n'en reste pas moins un délicieux espace de réflexion pour qui souhaite puiser la sereinité.
Ainsi, chaque fois que je me rends à l'étranger la proximité des cloîtres me réjouit. J'aime me promener à l'ombre du verger et au contact de la pierre. Il y a dans cet espace le terroir de la vie humaine. Car en effet, si la vocation première de ce lieu est marquée par la prière, celle-ci peut être également païenne. D'autant que comme tout édifice pieux, le cloître n'en constitue pas moins un ouvrage délicieux pour l'athée. Je m'y rends donc sans la crainte de me retrouver seul face à moi même mais ouvert au plaisir de m'offrir un petit dialogue intérieur.
Puit de lumière au coeur d'un établissement, le cloître offre une ouverture vers l'extérieur sans que l'on soit visible du monde alentour. Les dévots y voient un chemin direct vers le dieu auquel il s'adresse. Pour ma part, la seule quiétude me contente.
Le cloître offre à ses résidents le temps d'une visite un espace de liberté en son sein comme pour nous dire que son indentité n'est nécessairement à rechercher en dehors de tout cadre mais au centre des piliers qui nous fondent. L'identité est intérieur. A l'image de la France qui cherche à faire resurgir ce qui la caractérise, ce qui vit à l'intérieur d'elle-même et que le pays n'est plus en mesure de prendre la teneur véritable.
Ne reste pas cloîtré dans ta chambre disent certains parents à leur progéniture qu'il voudrait voir sortir de son monde ermétique. Et s'il avait au contraire accès par sa fenêtre singulière à une couleur différente du monde. Car finalement, à l'image de ce cloître, les parois de nos vies se présentent souvent comme des écoutils qui nous protègent de ce que l'on ne veut entendre et s'ouvrent à d'autres moments pour laisser passer cette odeur intrigante qui nous effleure les narines. Le refuge n'est dangeureux que s'il nous coupe totalement de tous liens sociaux. A usage régulier, il est plutôt signe d'une hygiène de vie. Dans la mesure où il ne prend pas le pas sur le mouvement de notre existence. Un guide n'est pas un tortionaire, c'est celui qui donne les repères pour que l'individu construise son chemin. Car le chemin n'existe pas, c'est en avançant qu'on le dessine.
Et pour offrir à Michaux un refuge pour l'éternité, le cloître finalement représente tout à la fois l'espace du dedans et l'espace du dehors. Il n'est qu'un autel sur lequel chacun apporte les valeurs qui l'anime.

05/10/2009

Fenêtre sur cour

Une fois n’est pas coutume. Jamais deux sans trois…mais lorsqu’une même organisation voit 24 de ses agents se suicider, n’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter ? Le malaise au travail serait-il devenu à ce point tragique. On sait la pression que certains salariés vivent ou la recherche de sens qu’ils ne parviennent pas à combiner avec leur activité professionnelle. Mais de là à atteindre ce point de non retour.
« Droit de vivre » c’est le titre de l’éditorial de Denis OLIVENNES dans le nouvel observateur cette semaine. Le directeur de la publication introduit ainsi le dossier hebdomadaire consacré au malaise vécu par certains salariés dans leur vie professionnelle dans l’Hexagone. C’est bien la preuve que ce sujet est devenu un phénomène de société. Non pas le suicide comme l’a maladroitement laissé entendre le PDG de France Telecom, mais le malaise. Vivre est un donc un droit. Là où le bas blesse, c’est lorsqu’il devient un devoir. En effet, vivre pour quelqu’un ou pour quelque chose, c’est d’une certaine manière se condamner à une dépendance qui peut mener loin. Jusqu’à un point final. Et je ne parle de « mourir pour ses idées » comme chantait Brassens.
Une vie réussie nécessite de trouver son accomplissement dans quelque chose qui nous correspond et alimente chaque jour notre désir d’aller plus loin. Il n’est pas d’autre existence idéale que celle-ci. Partant de ce constat, certains trouveront leur satisfaction très rapidement. D’autres, dont on dit qu’ils se cherchent, vivrons celle-ci comme une quête. L’important n’est-il pas de trouver un sens qui nous parle ? Et si l’on reste dans le domaine professionnel, même si le travail constitue à n’en pas douter un aspect important dans la réalisation de soi, il ne peut être le seul et égal pour chacun d’entre nous. On peut très bien travailler avec pour seule motivation, le salaire à la fin de chaque mois. Tout comme il est possible de s’investir dans un travail bénévole qui apportera quant à lui tout autre chose que des pièces sonnantes et trébuchantes. Ainsi le travail ne se résume à la profession qui apporte la condition de sa survie. Le travail doit pouvoir se présenter d’une autre manière que sous la forme d’une contrainte. Mais il faut savoir se préserver du temps libre.
De nombreux sociologues ont depuis longtemps pointés la confusion entre sphère professionnelle et sphère sociale dans l’activité contemporaine des professionnels. A priori, ce mélange des genres permet de concilier les contraintes liées à chacun des domaines précités. Cependant, lorsqu’il y a souffrance, il n’est plus une dimension qui préserve de l’autre. Le salarié se retrouve pris dans un étau entre le désir de satisfaire dans son milieu professionnel autant que d’être aux côtés de sa famille. Et puis la tension s’installe jusqu’à devenir intenable.
Mais comment le désir de vivre peut-il, l’espace d’un instant, laisser la place à Thanatos ?
Albert Camus débute le récit du Mythe de Sisyphe par ces mots : « il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux, c’est le suicide ». Il est vrai que c’est une lourde responsabilité que de faire le choix de continuer à vivre lorsque la maladie ou la tristesse s’invite dans notre vie. Et ce peut être là que la question longtemps ignorée : pourquoi continuer ? émerge. Jean-Paul Sartre lui-même, existentialiste engagé, pointe l’ironie du sort de la vie car on n’est pas libre de décider ou pas de sa naissance. Certes mais de sa mort si. Ainsi la mort que quelqu’un se donne sans laisser d’explication peut être interprétée comme un pas en arrière ou un pas en avant. C'est-à-dire, l’envie de n’avoir pas été ou celle de ne plus être. S’il est parfois plusieurs raisons de douter de son existence, il suffit d’une seule raison pour continuer d’avancer. Car la vie c’est chiant parfois, mais c’est beau tout le temps. Autre manière de dire que « la vie ne vaut rien mais que rien ne vaut la vie ».

02/09/2009

Penser, condition de l'existence

« Je pense donc je suis » a osé déclarer Descartes ouvrant pour chaque homme la possibilité - voire la nécessité - de penser par lui-même sans laisser cette faculté aux seuls soins des érudits. Ainsi la pensée serait par conséquent une des caractéristiques qui nous fait homme. A la bonne heure !
Un de mes amis de fac qui travaillait comme serveur en boulot d’appoint pour financer ses études répétant sans cesse : « je pense donc j’essuie » avec pour plus grande peur que ses études ne lui permettent pas d’exercer une autre profession. De fait, il se livrait chaque soir à une réflexion sans failles tout en nettoyant les tables du bar que nous avions salies. Café, bière, mégots de cigarettes avaient les plus souvent raisons de nos échanges. Après quelques idées griffonnées sur la nappe en papier, il se laissait aller à une rêverie tout en exécutant sa tâche.
Mais penser par soi-même ne doit pas être confondu avec penser pour soi-même encore moins penser à soi-même. Car la pensée n’est rien en soi et ne s’avère jamais plus féconde que lorsqu’elle est confrontée à divers avis. La pensée s’épanouit au contact des autres, qu’elles se rapprochent ou divergent. Et l’acte de penser se trouve surtout stimulé lorsqu’il est perturbé par les des avis contraires. Bref, pour envisager un maximum d’horizons, la pensée doit s’ouvrir.
La pensée à certes besoin de temps pour mûrir et capturer dans ses flots la matière de l’expérience. C’est parfois dans le repos que se résolvent les questionnements qui mobilisent tant notre esprit. Mais il n’en reste pas moins que la pensée, même la plus pure, s’affine à travers l’échange. Et cet échange nécessite de passer par le « je pense » où s’expose l’avis.
La première fois où je me souviens avoir employé le « je » dans une dissertation fût pour moi un véritable bonheur. J’ai ressenti cet acte aujourd’hui banal comme une libération. Exit la paraphrase, inutile le plagia, « voici que je vous parle en mon nom propre », ai-je sans doute pensé.
Quel plus grand plaisir que de livrer ce que l’on pense, son point de vue avec pour seul contrainte la rigueur de ses propres valeurs.
Bien entendu, ce jour que j’évoque là , ce n’était pas la première fois que je m’interrogeais moi-même sur une question et que j’allais puiser au fond de moi-même des idées et des arguments issus de ma propre interprétation d’un thème. Je n’avais pas attendu que l’on m’y invite pour me poser des questions, m’émouvoir d’observation et tenter d’articuler quelques idées issues de mes lectures ou de ma propre expérience. Mais ce jour où j’ai transmis ma propre expression, rédigée sur un support qui serait lu par quelqu’un d’autre fût pour moi un acte fondateur.

13/12/2008

[Médito] Apprendre à douter

Dans tout projet, même ceux dans lesquels on croit avec la plus grande conviction, il y a toujours un passage où le doute survient. La confiance en soi totale et sur toute la durée d'une épreuve est un leurre. Plus souvent psychologique que fondé sur une réalité, le doute naît de la confrontation entre les aléas et l'idéal que l'on s'est fixé. 

En fonction de notre humeur, il est plus ou moins facile de le conjurer. Mais le doute n'est-il pas aussi un moteur dans l'existence ?Pour personne l'existence n'est totalement platonique, dénuée de toute émotion. La passion est un puissant moteur qui, dans son mouvement, fait tomber les obstacles et décuple la motivation de l'être humain. C'est ainsi que chaque individu peut s'engager dans des défis face au monde et plus encore face à lui-même. Etape, par étape, on construit une démarche permettant de réaliser le dessein que l'on s’est fixé. Chaque fois, que l’on parvient à réussir une nouvelle phase, c’est un petite victoire. On se prend au jeu du cercle vertueux ainsi créé. Pris dans le feu d'une action, il n'est pas toujours aisé de réguler ses attentes. Convaincu de son intérêt, il est plus facile de se laisser bercer par l'euphorie du début. On fonce tête baissée et au moment ou l'on s'y attend le moins, le doute nous surprend et parfois nous égare. Car le chemin sur lequel nous conduit le doute est sinueux et souvent dépourvu de balises. Il stoppe net la course de l'assurance. D'un coup d'un seul tout devient banal ou trop complexe, c'est selon. Le sens qui nous guidait et qu'on n'imaginait pas un seul instant remettre en cause s'efface sans crier gare. Il laisse l'individu seul dans l'obscurité. Si l'on veut s'en protéger, seul le recours à l'autosatisfaction permet de le conjurer. Vu sous cet angle, le doute se présente plutôt comme un frein de l'existence. Un sentiment qu’on redoute. Cependant, il peut également se révéler être un très bon allié dans le cours de nos vies. Pour cela, il faut s’avoir l’anticiper et s’en servir comme d'un baromètre.

[Apprivoiser le doute est le plus sûr moyen d'avancer 
sans laisser de remords sur son chemin]

Douter, c'est s'offrir la possibilité d'une remise en question personnelle, voire d'une réorientation de ses choix le cas échéant. En ce sens, douter c'est s'ouvrir vers de nouveaux horizons. Cet état d'esprit est une manière de nous protéger de la chute. Mais n’y a-t-il pas deux formes de doutes ? Douter de soi n’est la même chose que douter de son projet. Dans le premier cas, on remet en question notre propre capacité alors que dans l’autre, ce sont les bases de ce que l’on construit qui s’effritent. Pour y remédier, les solutions aussi diffèrent. Le doute en sa propre capacité est inhérente à toute démarche qui vise à dépasser ses limites. Serais-je à la hauteur du but que je me suis fixé ? Mais c’est aussi ce qui rend le projet exaltant. En ce qui concerne le doute induit par le contexte, il faut tendre le dos face à l’imprévisible. Car la richesse de la vie se caractérise aussi par ce qui nous dépasse qui peux surgir à tout moment pour le meilleur ou pour le pire. Dans notre société qui fait l’apologie de la certitude, nous avons trop souvent tendance à confondre le fait d’être sûr de soi et entêté dans ses idées. Ce qui diffère complètement car on peut être convaincu sans pour autant être borné. Aussi, je n’admire pas tant les personnes sûr d’elles-mêmes, affichant une confiance imperturbable que celles qui osent se laisser caresser par le doute. Car c’est un exercice autrement plus difficile de regarder le monde en faisant un aller-retour entre ses propres certitudes et la réalité. Un choix qui demande énormément d’humilité aussi. Douter, c'est sans aucun doute faire un pas dans le chemin de la sagesse. Apprendre à douter, ne serait-ce pas apprendre à vivre ?

27/10/2008

Le sentiment de satisfaction

Sans chercher trop loin dans sa vie, on a tous des raisons d’être satisfait de ce qui nous arrive। Tout comme on trouvera des raisons de se plaindre. Mais d’un autre côté, à regarder autour de nous la souffrance dont témoigne à certains endroits l’humanité, il y a toujours pire que nous. Finalement n’est-ce pas de notre propre condition dont nous souffrons ?
Qui peut se dire satisfait de sa vie ? Cela dépend des moments peut-être. En effet, on ne porte pas le même avis en fonction des circonstances que l’on vit. La satisfaction d’un jour peut laisser place à la désillution d’un autre. Et au gré de cette fluctuation, on dispose d’un contentement général. Pourtant, dans l’accomplissement d’une vie, le sentiment de satisfaction est quelque chose de très important. Et cela constitue même un moteur existentiel. A quoi se mesure la satisfaction ?On peut être satisfait par un travail que l'on a réalisé ou à l'occasion un moment agréable. Autrement dit, le sentiment de satisfaction naît autant quand on est content de soi ou lorsqu'une situation nous invite à en profiter sans se soucier du lendemain. Mais pour parler d’insatisfaction, il faut nécessairement partir d'une comparaison. Le chemin qui mène de la réalité à l'idéal n'est pas direct. Et entre le rêve et notre quotidien, se dessine parfois un véritable précipice. Selon Marcel PROUST, « il est rare qu'un bonheur vienne justement se poser sur le désir qui l'avait réclamé ». Si l'insatisfaction se résume à l'inadéquation entre attente et réalité, alors nous devrions être d'éternels insatisfaits.Néanmoins, s'il est rare que nos désirs et la réalité se confondent, la vie nous apprend qu'il existe d'autres chemins. Et que nos désirs peuvent s'aventurer hors des sentiers battus. D'autre part, notre niveau de satisfaction n’évolue-t-il pas au fur et à mesure de notre apprentissage ?Pour savoir si la vie que l’on mène correspond à nos attentes, on pose souvent la question de savoir si elle est conforme à nos rêves de jeunesse. Pour ma part tel n’est pas le cas. Ma vie n’est ni moins bien, ni mieux que ce dont j’ai pu rêver à l’adolescence. La vie que je mène correspond tout simplement à celui que je suis devenu aujourd’hui. C'est-à-dire nourrie de mon expérience et par conséquent de multiples choses dont je n’avais pas idée à l’époque de mon adolescence. C’est ainsi que se mesure l’évolution. Et si demain je m’en lasse, j’avancerais de nouveau dans la direction qui me plaît. A la manière que je l’ai toujours fait. C’est ainsi que je trouve ma propre satisfaction. Ainsi, notre satisfaction varie en fonction de nos aspirations mais également des opportunités qui se font jour. On pourrait penser que la pleine satisfaction d'une vie réside dans le choix qu'on fait. Faire un choix de vie, c'est suivre sa passion et se laisser guider par son seul désir. Et cette passion peut parfois nous emmener loin dans une aventure faite de risque, de challenge et d'intuition. Artisans, politique, artistes, reporter autant de professions qui accaparent une multitude des facettes de la vie et maintiennent en tension notre passion. Pour conclure, la satisfaction ne se trouve-t-elle pas lorsque l’on se trouve en accord avec soi-même ?

22/09/2008

[Médito] "A House is not a Home"

Qu’il soit sédentaire ou nomade, établi sur un territoire ou voyageur dans l’âme, l’Homme n’est jamais totalement apatride. En usant de son imagination et de sa mémoire, il se construit et transporte avec lui son univers, sans cesse à la recherche de repères. Avec ou sans confort, dans l’urgence ou au prix de longues années d’errance. Et la manière dont il façonne son espace de vie en dit long sur lui-même. Car l’intérieur d’une propriété est souvent le reflet de l’intériorité de ses résidents.

A la recherche d’un appartement ces dernières semaines, cette circonstance m’a donné l’occasion de visiter de nombreuses habitations. Je me suis alors rendu chez des gens inconnus, pénétrant leur univers familier. Au-delà du simple bâtiment, de ses murs, de l’aménagement intérieur, c’est une part de l’intimité des résidents que j’ai pu découvrir.Nos anciens, comme certaines personnes les appellent encore avec le plus grand respect, construisaient le plus souvent leur vie d’adulte dans une habitation unique qu’ils conservaient jusqu’à la fin de leur vie. On y trouve souvent de nombreux souvenirs à travers quantité d’objet de toute sorte qui incarnent la mémoire des lieux. Parfois les murs témoignent encore des traces de jeux d’enfants ou d’autres évènements qui se sont déroulés dans un décor qui a traversé les années. Il est par conséquent certaines demeures qui ressemblent à de vrais musées et dont la valeur affective est inestimable pour les vivants. Au même titre qu’une patrie confère une origine et une identité à chaque être humain, son espace de vie offre à l’individu un point d’attachement et des repères. Même les plus grands voyageurs conservent une résidence principale. Souvent ils l’a parent d’ornements ramenés des lointaines contrées qu’ils ont visitées. La résidence trouve là un nouveau cachet. Pour autant, malgré ce maquillage culturel, elle garde aux yeux des propriétaires une identité d’origine. Spacieux, vide, désordonné, confortable ou encore sombre l’identité que l’on donne à son habitation témoigne souvent de notre propre intériorité. 

[Le « chez soi » se caractérise alors comme le miroir d’une vie intérieure 
qui s’exprime par les formes, les couleurs, les objets.] 

C’est le carrefour de plusieurs identités partagées, celles de chacun des résidents. Identité qui s’enrichit aussi avec l’agrandissement du cercle familial.Vue sous cet angle, la demeure est une part de l’intime que l’on révèle à son entourage proche. C’est là une autre manière d’envisager la notion de propriété privée. Un espace entre la sphère strictement privée et la sphère publique. Un sas entre le for intérieur et la jungle du monde qui se joue dans les rues. A notre époque où la mobilité géographique fait partie de notre parcours de vie, nous sommes amenés à construire plusieurs fois un décor. C’est l’occasion de faire le point sur le chemin parcouru ou de marquer un tournant. Les voyages, les rencontres font évoluer nos goûts dont on laissera une empreinte ici ou là. Vue de l’extérieur, j’aime tout particulièrement la chaleur que dégage la lumière qui émane des fenêtres des habitations lorsque la nuit est tombée. Plus qu’une charge électrique, cette lumière est le témoin d’une richesse humaine sans doute inestimable. En épilogue, les vers que Beaudelaire signe dans le fleurs du mal illustrent parfaitement la définition que je donnerai à ce que je nomme sans autre imagination le chez soi : « là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté »

15/09/2008

La voix, témoin de l'instant

Radio, téléphone et même conversation de visu, autant de situations de la vie quotidienne où la voix est porteur de sens et permet l’échange. La voix est un support de communication complexe qui se caractérise par de multiples signes : intonation, polysémie des termes, parfois même éloquence... Tous ces paramètres sont déterminants dans le message transmis. Néanmoins, cette richesse ne semble pas toujours suffisante pour transmettre l'essentiel. Il arrive même que la voix soit source d’incompréhension. La voix est un organe sensible, témoin de l’instant, elle traduit autant ce que l’on veut dire, que ce que l’on cherche à camoufler. On ne peut toujours en maîtriser la portée. Elle dit de nous ce que nous n’osons pas avouer. Fragile, elle peut trahir nos intentions au moment même où l’on doit affirmer une assurance. Elle nous dévoile à notre insu pour le meilleur comme pour le pire. Un plateau d’argent pour les sentiments. Mais la voix porte aussi un impact sur l’auditeur. A tout moment, elle peut éveiller l’émotion chez celui qui écoute avec attention. Il n’y a qu’à écouter une voix sanglotant pour qu’elle traduise l’angoisse, la pitié ou encore la joie. En ce sens, la voix est source de lien social. D’un point de vue plus tragique, la voix se présente également comme le symbole de moments fort de l’Histoire. L’appel radiophonique du 18 juin avec les trémolos des speaker de l’époque incarne à lui seul le pouvoir de la voix. L’émotion patriotique. Dans les contextes de challenge aux lourdes conséquences, la voix se présente comme un puissant stimulant. La guerre, le sport et bien d’autres situations où l’Homme est en proie à son destin. Il arrive également que la voix se suffise à elle-même. En effet, la voix des journalistes, souvent attractive, constitue autant de repères que le sujet des animations qu’ils animent. On se laisse bercer par une sonorité rassurante sans s’attacher aux messages. Le matin au réveil, il n’est pas rare de ne saisir qu’à moitié les informations diffusées. On reproche souvent à la parole de ne laisser que peu de traces. La voix ne se suffit donc pas à elle-même. Diffuse, elle ouvre grand la porte à toutes les interprétations. Spontanée, elle oscille entre approximation et emphase. Oral versus écrit. Pourtant la voix offre une palette de nuances : la douceur, l’agressivité, l’assurance. Il faut pour chaque situation, trouver le ton juste. Dans un discours la voix va habiller le mot en renforçant le sens exact qu’il porte. En ce sens elle corrige la polysémie malveillante. Malgré la diversité qu’offre la voix, les conversations téléphoniques me sont de plus en plus insupportables. Souvent éphémères en raison du coût qui pèse sur le forfait, elles mes semblent souvent très parcellaires pour ne pas dire lapidaires. En effet, deux possibilités s’offrent alors. 1) Débiter à la suite tout ce que l’on veut témoigner à l’autre par nécessité ou dans l’euphorie du moment. 2) Taire consciemment certains sujets de peur de s’éterniser ou de provoquer une compréhension chez l’autre. Quelque soit le choix adopté, il demeure source de frustration. Il n’y a véritablement que le chant qui rapproche la voix de la perfection. Du point de vue de l’humanité, la voix incarne la pureté. Car n’oublions pas que le premier cri est le symbole de la vie.

11/06/2008

"Résister, c'est créer"

A de maintes reprises, la phrase restée célèbre du philosophe Gilles Deleuze, a été employée. Doit-on comprendre ici la résistance au changement en faisant l’apologie d’un confort acquis et immuable ? Sans doute pas de la part d’un philosophe. C’est même tout le contraire. Récemment, un ouvrage co-écrit par Florence Aubenas et Miguel Benasayag l’arbore en titre। La définition contemporaine de cette formule s’exprime ouvertement à travers les différentes initiatives de type « alter »। Quelle concerne les domaines de l’environnement, l’économie ou la culture, il s’agit là d’une forme de résistance aux inégalités que produit la mondialisation. La motivation des acteurs qui s’engagent dans ces mouvements sociaux est de favoriser l’accès de tous aux évolutions du monde en se faisant porte-parole des plus faibles. Par la « résistance », il s’agit alors de réguler le système de manière à ce qu’il ne profite pas seulement à quelques uns. Au regard de l’Histoire, le verbe « résister » reste par ailleurs fortement ancré dans les mémoires, du fait du sens qu’il a pris dans l’action au cours des deux guerres mondiales. Aujourd’hui encore, cet attribut est synonyme de courage et témoigne d’une forte dimension humaine. Sauver l’autre. Cet individu qu’on ne connaît pas mais qui nous est proche. Face au contexte de la guerre, chaque individu se trouve au même niveau. L’entraide humaine sans distinctions apparaît alors comme une initiative naturelle.Selon ma propre interprétation, « résister », c’est d’abord renoncer à ses propres a priori, réguler cet instinct qui nous fait nous méfier de l’autre lorsqu’il est différent. Lorsque l’on observe le monde, il est évident de constater que la peur de l’autre est à la source des plus grandes barbaries, car la méfiance contribue à regarder l’autre comme son ennemi. Sur le plan international par exemple, la cause de nombreux conflits relève peut-être de cette absence de prise de conscience. Chacun porte en lui un dessein et passe sa vie à tenter d’en maîtriser la conduite. Nos congénères constituent néanmoins une contrainte à la réalisation de ce qui nous anime au plus profond. Surtout, lorsqu’il nous faut ramener chacun à sa cause mais que personne ne se conduit exactement comme on l’aurait souhaité. Animé par un projet singulier, il est alors nécessaire de faire preuve de tolérance envers l’autre.Cette forme de « résistance » serait en vérité une régulation interne propre à chaque individu. Une lutte intérieure contre ses propres a priori. « Pour qu’une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps » disait Flaubert. Sans doute faut-il s’adonner plus régulièrement à cet exercice. Il est malheureusement certains sujets qui éloignent les hommes. D’autres qui les rapprochent. Mieux vaut éviter ceux qui tuent l’amitié

10/06/2008

Apprivoiser le silence

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le silence est parfois plus lourd de message que la parole. Il est une forme d’expression tant intérieur qu’extérieur. Car un silence ne s’accommode jamais du vide, il laisse le soin à chacun de l’interpréter en fonction de son enthousiasme ou de son tourment. De ce fait, le silence se fait repos ou torture de l’âme, c’est selon.

Tantôt propice à la méditation, il habille l’âme de velours. Il devient alors un psychotrope actif pour l’équilibre de tout mon être.

Mais lorsque, à d’autres moments, il se fait complice de nos doutes, il s’étend alors inexorablement en nous laissant dans un profond désespoir. Même s’il ne s’agit que de courts instants à l’échelle d’une vie, le silence se fait alors pesant.

Le silence est également un refuge qui permet de puiser au fonds de soi ses fondamentaux et par conséquent de maintenir l’équilibre de tout son être.

En tout état de cause, le silence est un état qu’il est nécessaire à chacun de savoir apprivoiser. Intériorisé, il libère une profondeur qui nous renvoie à notre propre existence.

Pour être à l’aise avec cet exercice, sans doute faut-il écouter son rythme intérieur ? De plus, il faut faire preuve d’une forme de courage car dans le silence, le temps pèse et chaque seconde nous rappelle à notre modeste condition.
A contrario, le bruit provoque, quant à lui, une euphorie qui nous fait oublier, une fois n’est pas coutume, le poids de l’existence.

Enfin, nous ajustons notre usage du silence en fonction de la circonstance que nous vivons. Ainsi, lorsque je suis seul, il accompagne ma méditation. Et, au milieu d’un groupe, ce même silence me permet de prendre de la distance afin d’observer mes congénères. Et chacun interprète librement cette attitude en fonction de son propre regard. Le silence est alors bercé d’une multitude de regards.

02/04/2007

[Lectures] L'existence en question au 20e siècle


"L'existence précède l'essence" prétend Jean-Paul SARTRE refusant ainsi tout déterminisme. Si, comme l'affirme le philosophe, l'individu construit seul le sens qu'il souhaite donner à sa vie, c'est précisément une raison d'agir. Car cela revient à penser que sans action, l'existence individuelle n'a par conséquent aucun sens. Cette vision de l'existentialisme athée trouve un alternative avec l'existentialisme chrétien d'Emmanuel MOUNIER qui présente un regard plus nuancé sur l'existence sans pour autant tomber dans le déterminisme contraint. Ainsi la liberté de l'existence laisse place à l'intuition (kant) et oscille entre liberté et autonomie de l'individu d'un côté et de l'autre les opportunités sur lesquels nous n'avons que peu d'emprise.

Le temps de l'engagement des intellectuels

Avec l'affaire Dreyfus, le célèbre j'accuse imprime la marque de l'engagement au service de la justice sociale.