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04/09/2014

[Regard] L'acte éducatif, empreinte existentialiste

Qu'est-ce qu'éduquer ? S'agit-il d'élever les individus afin que ceux-ci libèrent leur potentiel et trouvent le chemin d'un accomplissement personnel ou cela consiste-il plutôt à les formater dans une norme sociale gage de civisme mais parfois aussi vecteur d'asservissement ? 


Le Touquet, juin 2012

S'il relève d'une nécessaire pédagogie, l'acte éducatif n'est pas une formule binaire mais s'illustre plutôt comme une équation à plusieurs inconnues. Il reflète tout d'abord l'expression identitaire de celui ou celle qui l'incarne. J'éduque en fonction de ce qui me semble bon suivant mon cadre de références. Mais aussi en fonction du projet que je fonde selon un avenir que j'entrevoie. A ce titre, l'action éducative s'illustre nécessairement par une certaine retenue pour ne pas dire une forme de renoncement de la part du précepteur quant à la projection que celui-ci rêverait d'insuffler à celui qu'il accompagne. Il est rare q'un élève reproduise sous la forme exacte le voeux du maître. Au contraire, celui qui apprend éprouve le besoin de s'approprier ce qu'il reçoit afin de le faire sien et de construire sa personnalité propre. En ce sens, l'acte éducatif apprivoise le sentiment d'impunité pour construire celui de la liberté. Celle de la République et de la démocratie qui délivre de l'absolut stérile pour la fécondité du monde commune. Mais qui dans le même temps doit garantir l'expression individuelle qui évite le cloisonnement de l'entre soi. 

L'acte éducatif débute par le détachement

Les valeurs, principes et histoire que portent l'instructeur ne sont que des outils éducatifs dont la matière première demeure l'enfant qui s'exprime à travers sa sensibilité, son rythme et son caractère qui lui sont propres. La rencontre de ce s deux univers crée l'expérience qui aboutira à une chemin de vie. L'exercice premier pour le parent comme l'enseignant ou encore l'accompagnateur pourvu qu'il inscrive son rôle dans une posture éducative est de procéder au détachement en regardant le postulant tel qu'il se caractérise et non tel que l'on souhaiterait qu'il soit. C'est en marchant que l'on construit le chemin et en observant l'élève que l'on invente la pédagogie personnalisée. 


Dans la catégorie REGARDS, retrouvez,  : Philosopher, du regard au point de vue

03/06/2014

[Regard] La caverne médiatique

Qu'ils soient de la presse écrite, radiophonique ou télévisée les médias constituent un vecteur essentiel du monde des idées. Et tiennent à ce titre une grande responsabilité dans la transmission d'information ou d'expression sans en confondre les rôles respectifs. Un espace médiatique qui promeut, en fait, tout et son contraire ; le meilleur et le pire ; la réalité et son reflet. A ciel ouvert bien moins que dans la pénombre d'une caverne. 



Nous vivons une époque formidable où le progrès fait rage ainsi terminait sa chronique matinale le célèbre journaliste Philippe MEYER à la fin des années 90. Il ne croyait pas si bien dire tant les bouleversements que notre civilisation connaît depuis lors sont à la fois complexes et rapides. Ce qui l'est moins, c'est notre capacité à en intégrer les changements pour accueillir le nouveau monde.
A l'image des prisonniers du mythe de la caverne de Platon, notre époque connaît la servitude des idées à courte vue, des ombres fumeuses de la communication et d'une démagogie stérile des affects. Si la vie est un théâtre, l'oeuvre du monde contemporain se répète en coulisse. De comédie mièvre ou piteuse tragédie, la mélodie du monde sonne rarement juste. Mais ce n'est pas parce que les artisans ne sont pas à la hauteur des idées que l'on attendrait d'eux, qu'il faut en délaisser la partition. De tout temps essentiel, décrypter le monde pour en comprendre l'usage est devenu indispensable. 

[L'idée ne remplace pas les faits, elle les prolonge en élevant 
au rang de point de vue celui qui s'y exerce.] 

Au-delà des apparences, tout point de vue n'est nullement un point d'arrivée mais bien un point d'étape dans la réflexion et un point de départ dans le débat d'idées.  Dans le concert des médias, la crise de société gagne aujourd'hui le 4e pouvoir, celui de la presse. Reflet d'une époque ou réalité durable. Après les rédactions de Libération, du Nouvel Observateur, c'est au tour du journal Le Monde de voir démissionner, contrainte et forcée, sa directrice sans qu'aucun modèle de presse durable ne soit jusque là inventé.A l'heure ou nous avons tant besoin de l'exercice journalistique comme compagnon de route. A cette époque de l'année où se joue le mercato médiatique de la rentrée, Nicolas DEMORAND, Laurent JOFFRIN et Nathalie NOUGEYREDE, à défaut de tribune, conservez votre plume. 

22/05/2014

[Regard] L'Europe d'Epicure

Il faut être convaincu du rôle de l'Europe pour croire encore à l'oeuvre inachevée de Jean MONNET. Dans l'architecture politique déjà bien décriée, elle est peut-être le système le plus controversé, le plus éloigné des territoires et le plus complexe à suivre. Et n'en est pas moins essentielle. Alors que l'échelon européen représente une frontière aux dérives de la mondialisation, pourquoi le traite-t-on à ce jour en second plan ?


Ses principaux détracteurs reprochent à l'institution européenne sa technicité, son austérité et au final de ne représenter qu'elle-même. A quoi pourrait donc bien ressembler une Europe du vivre ensemble ? Au-delà de reconnaître les spécificités culturelles de ses pays membres, il lui faudrait parvenir à créer les conditions d'une interaction constructive entre les peuples. Il n' y a que les épicuriens pour croire aujourd'hui qu'il est possible de jouir du présent. Et de vivre ainsi une réalité qui incarne parfaitement les désirs de chacun.

L'idéal, un avenir à construire ensemble

Depuis son origine l'Europe reste un idéal jamais atteint car toujours en devenir. Du fait de l'entrée régulière de nouveaux pays membres ? Pas uniquement. En raison, surtout, de l'incapacité des Etats à créer une véritable entité de gouvernance politique. C'est cette situation qui fait de l'Europe une organisation toujours en suspend qui créé toutes les frustrations. Celle-ci ne parvient pas à renvoyer le sentiment d'une permanence.
Est-ce à dire que l'Europe demeure une utopie condamnée demain à poursuivre un rêve chimérique ? Sans doute pas. Il suffit pour cela en appeler à Epicure, le chantre du plaisir et du bonheur immédiat. Contrairement  à la définition contemporaine que l'on donne aux épicuriens, l'épicurisme est une école philosophique qui consiste à se tenir sans cesse conscient de ce que l'on a. Et ainsi de trouver plaisir à profiter de ce qu'on aurait pu ne jamais avoir. Plus qu'un éveil, c'est une véritable forme de maturité dont témoigne cette thèse. Un prisme à travers lequel il est temps que chaque citoyen s'emploie à regarder l'Europe comme une opportunité. Car à défaut d'être idéale, l'Europe est toujours en marche.


30/01/2014

[Regard] Mémoires des idées

A l'image de la frise historique présentée dans la plupart des salles de cours qui peut se décliner pour chaque discipline, le monde des idées n'échappe pas à cette règle. Dans l'histoire de l'expérience humaine, la pensée constitue la mémoire de l'humanité.


Si l'Histoire possède sa propre discipline éponyme, chaque matière possède une histoire singulière et forme la mémoire de celle-ci. Les sciences aussi bien que l'art ou encore la philosophie peuvent alors être envisagées à travers une chronologie qui recueille les dates clés de leur avancée au cours des siècles et des régions du monde. Aussi, sans s'attacher à étudier l'Histoire en tant que telle, aborder n'importe quel autre sujet dans sa profondeur invite à situer les grandes étapes historiques d'un monde commun à chacun d'entre nous. 

Préhistoire / Le temps des premiers symboles

Les traces des rites religieux témoignent de l'apparition de la pensée symbolique, caractéristique essentielle qui différencie l'Homme, en tant qu'être humain, des autres êtres vivants. Si l'expression symbolique marque l'identité du langage des premiers hommes, la nature demeure le support principal de préoccupations. Et plus particulièrement les 3 éléments : l'eau, la terre et le feu. 

Antiquité / Civilisation plurielle et pensée complexe

C'est au cours de ces siècles qu'apparaissent les premiers philosophes de la Grèce antique qui fondent la pensée complexe contre les rites et croyances. La lumière se fait jour sur l'obscurantisme. La philosophie morale fait son apparition détrônant les seules préoccupations de la nature. Notamment à travers l'avènement de la métaphysique. La recherche du bonheur individuel - que l'on nomme bien-être à notre époque - devient un préoccupation majeure. C'est ainsi qu'apparaissent cynisme, épicurisme, stoïcisme et scepticisme. Ces courants philosophiques ont en commun de propose de se transformer soi-même afin de se libérer de toutes les peurs à commencer par celle de la mort. Comme le dit Platon : "Philosopher, c'est apprendre à mourir".

Moyen-âge / Pensée chrétienne et théologique

Le Ve siècle voit surgir la pensée chrétienne théorisée par Saint Augustin (354-430) qui s'étend pendant un millénaire avant le Renaissance. La philosophie médiévale s'illustre entre raison et foi où l'âme se connaît à ses actes. Avant d'accepter de nouvelles idées, les chrétiens devaient s'assurer qu'elles n'étaient pas incompatibles avec leurs dogmes. Ainsi le savoir est formaté et demeure l'apanage du système clérical. 

Renaissance et Âge classique / L'humanisme révélé

A partir du XIVe siècle, une succession de bouleversements amène l'Europe à redécouvrir l'Antiquité et ses savoirs. L'Homme va se substituer à Dieu dans la pensée avec la Renaissance qui marque l'avènement de l'humanisme. 

Temps modernes / Le souci du progrès

Cette vaste période qui s'étend du XVII au XIXe siècles va connaître un coup d'accélérateur de la pensée dans l'Histoire.
Les Lumières du XVIIIe siècle : Si la Renaissance est marquée par l'éveil des consciences et le renouveau des idées, le XVIIIe siècle voit le monde intellectuel en ébullition. Le siècle des Lumières, comme il est communément appelé, marque le primat de la raison éclairée au service de la connaissance et du progrès. 

Monde contemporain du XXe et XXIe siècles / Décrypter l'actualité mondialisée

Les échanges mondialisés, qu'ils concernent le commerce, la communication où l'aide humanitaire ouvrent à la pensée et aux débats une table de discussion planétaire. C'est à la fois l'occasion pour les nations de faire découvrir leurs penseurs au-delà des frontières. C'est aussi une manière de dépasser les limites des idées reçues. Si la citoyenneté internationale demeure un idéal non réalisé, chaque humain vit au rythme des événements du monde. La pensée s'observe et se vit à grande échelle et invite à dépasser le repli sur soi.


29/03/2011

[Regards] Diversité


La diversité est une chance. C'est le fondement même de notre société.
La diversité c'est un peu le leitmotiv qui caractérise l'histoire de ce blog depuis sa création en 2006. Le pari est d'apporter une richesse de mots pour témoigner de la richesse du monde.
Cette vocation de la diversité, marque de fabrique de ce blog a eu un premier retentissement dès 2007 en faisant le pari de défendre la pensée complexe comme résistance à la pensée simpliste alors à l'oeuvre.

Aujourd'hui cette volonté de diversité prend un nouveau sens face à la pensée extrême qui rampe insidieusement et n'offrira pas de lendemain qui chantent.
Lorsqu'il s'agit de valeurs, la constance est une vertu. Loin d'apparaître comme conservatrice elle est une dynamique qui permet de concerver un cap. 

Pour un meilleur confort, et pour s'ouvrir à tous surtout, Hors d'Oeuvre change d'adresse et invite, chacun à s'exprimer librement.

Au plaisir de vous publier.

Fxh

14/02/2011

Face aux crises

L’année 2010 s’est tristement illustrée par l’émergence de « crises ». Un terme qui revient sans cesse depuis 2008, date à laquelle est apparue au grand jour la crise financière. Depuis, on définit par le terme « crises » toute sorte d’urgences. Crise financière, crise liée à la situation de notre environnement naturel, conséquences sociales de la crise, crise du logement, crise du système de retraite et pour couronner le tout crise de sens. Si l’état des lieux est exhaustif, il est loin d’être évident de définir des priorités. Fixer un cap, tel est pourtant le rôle du politique, lui-même non épargné par cette crise aux tentacules décidemment envahissantes et vivaces. Un cap qui porte l’espoir.


Les crises qui surviennent aussi tragiques et multiples soient-elles ont pour conséquence deux phénomènes constitutifs. Tout d’abord elles exacerbent notre angoisse en l’avenir émettant de sérieux doutes sur son avènement. Et dans le même temps elles redonnent un sentiment collectif car plus que jamais nous sommes tous apparemment embarqués sur le même bateau.

Dans son ouvrage Survivre aux crises, Jacques ATTALI expose : La sortie de crise doit faire l'objet d'une prise de conscience individuelle. Chacun doit en comprendre les causes et se prendre au sérieux pour pouvoir rebondir et à l'avenir éviter les mêmes erreurs. En ce début d’année, je vous propose de décrypter ces innombrables crises et d’y mettre en face des préconisations.

20/12/2010

[Regard] Un chemin entre soi et les autres

Entre le tout collectif qui ne laisse plus la place à la liberté individuelle et l'autre extême, du chacun pour soi, il existe une forme intermédiaire qui s'appuie sur une dimension essentielle de l'existence : la personne. Un chemin qui permet le double respect de soi et des autres. Selon les propres mots de son concepteur, le philosophe Emmanuel MOUNIER, le PERSONNALISME n'est ni une doctrine, ni ...





La doctrine philosophique de l’après guerre a vu se déployer un existentialisme triomphant porté par les intellectuels engagés dans la vie publique. « L’existentialisme est un humanisme » a défendu Jean-Paul Sartre. Et dans le même temps, pour aller plus loin et apporter une dynamique nouvelle, Emmanuel MOUNIER développe la dimension du Personnalisme. Il mettra ainsi en lumière le concept de Personne là où les existentialistes purs et durs parlaient seulement d’individus. La plus value de sa pensée est de représenter l’homme au travers de ses deux dimensions extra et intra personnelles. Autrement dit il s’est agi pour lui d’apporter la dimension spirituelle sans pour autant qu’elle s’inscrive dans une visée confessionnelle. « Le monde est beau et hors de lui point de salut » affirmait CAMUS. Sans doute l’espoir est en dedans de nous-mêmes, lui répond Emmanuel MOUNIER. Un dénouement heureux au mythe de Sisyphe en quelque sorte.

Le personnalisme est la tentative de penser, de façon cohérente, l'Homme en tant que personne.

Le premier souci de l'individualisme est de centrer l'individu sur soi, le premier souci du personnalisme, de le décentrer pour l'établir dans les perspectives de la personne.

02/12/2010

[Médito] Regards

L'expression Philosopher est pour le moins polysémique et d'une autre manière fait également polémique. On reconnaît l'importance de la philosophie autant qu'on en marginalise l'intérêt. Car si pour certains philosopher est un plaisir voire même une manière d'appréhender l'existence avec sérénité, pour d'autres, philosopher ne revient qu'à brasser de l'air. Autrement dit l'amour de la sagesse puisqu'au sens premier, c'est bien de cela qu'il s'agit ne fait pas l'unanimité. Il est vrai qu'atteindre la sagesse n'est pas un but en soi pour tout le monde et qu'on y arrive a minima au prix d'une vie d'expériences. Dans ce cas la philosophie est-ce vraiment comme le prétend Luc FERRY apprendre à vivre ou plutôt comme l'annonçait Platon apprendre à mourir ?



1) Mais qu'est-ce donc que la philosophie ? Une idéologie, une doctrine ou même une forme de spiritualité ? 2) Et qui peut prétendre philosopher ? Seuls les érudits, les titulaires de l'agrégation de philosophie peut-être ? 3) Enfin, à quoi philosopher sert-il ? Est-ce une entreprise vaine ou pire une tromperie ? C’est ce triple questionnement que je vous invite à découvrir la rubrique REGARDS 

La caverne médiatique
L'Europe d'Epicure
La mémoire des idées
Un chemin entre soi et les autres
Le rire social comme catharsis





29/10/2010

Le royaume de la nuit


La nuit se plaît à étendre son sombre manteau. A plus forte raison à partir de ce week end où nous passons à l'heure d'hiver. Une et multiple à la fois, elle est un des décors de nos vies. Semblable au jour la nuit est faite de tristesse et de joie , de cauchemar et de rêve. Pour nombre d'artiste, elle est source d'inspiration.



Chaque jour, la nuit s'invite de plus en plus tôt et enveloppe d'une couleur pâle les rues en fin de journée. Le rideau tombe à mesure que la saison avance sur feu le spectacle de l'été.


S'il est entendu que la nuit est noire, en fonction des circonstances, elle peut prendre certaines couleurs. Comme le chante Patricia KAAS "La nuit est mauve". La nuit est bien plus lumineuse qu'on vuet bien le croire car en vérité à mesure qu'elle tombe, la nuit ne cesse de changer de couleur. Un dégradé de gris.


Chaque année lorsque nous passons à l'heure d'hiver, d'aucun déplore que la nuit prend tout à coup le pas sur les jours dès la fin de journée. Elle grignotte ainsi un epart de liberté. C'est comme si, pour eux, la nuit était le rideau qui sonne la fin de la gaieté de l'heure dite d'été.

Pourtant, la nuit, c'est un immense écran où se joue l'histoire des étoiles. C'est une scène de spectacle à 360°. Mieux, la nuit c'est l'endroit du décors.

En effet, ne dit-on pas la nuit tous les chats sont gris. N'est-ce pas le meilleur moment pour se révéler tel que l'on est. Sur cette toile unie se révèle le moindre détail, pouvu qu'il émète quelque lumière.

La nuit est cependant moteur d'espoir. Ne devient-elle pas blanche lorsqu'on demeure éveillé le temps de son règne.

18/10/2010

Des hauts et débats


Il est certaines dates du calendrier que l'on aimerait voir disparaître. C'est le cas de la journée nationale du refus de la misère. Chaque année le 17 octobre rassemble tous les acteurs bénévoles et professionnels qui oeuvrent au service des plus vulnérables. Car si l'activité humaine ne doit pas être nivelée par le bas, il faut partir de la base pour accompagner chacun vers le haut.

Pour une conscience éclairée au quotidien, l’éthique doit prendre sa place au cœur de notre sociétéParce qu’il est trop facile de vivre une année entière sans se soucier des plus vulnérables d’entre nous et de ne s’attarder que de temps à autre sur la misère au fil des éclairages évènementiels, je plaide pour un regard lucide sur notre quotidien à tous. car c’est dans ce quotidien que se mesure la souffrance trop souvent hémophile. et lorsqu’on daigne enfin se pencher un temps soit peu sur une situation de misère, le mal et déjà là et persiste une fois que l’on est reparti. de ce fait, on ne porte pas une attention suffisamment régulière sur une réalité qui dure toutefois. même si cela paraît être une répétition, il me semble important de le rappeler : la misère survie à notre regard.Tant de fois, nous sommes tentés de fuir des yeux cette réalité qui ne nous renvoie pas l’image idéale nécessaire à notre suffisance. mais n’est ce pas une force malgré tout de faire de cette volonté une force ? ne devient-on pas homme en apprenant à petit pas, à ne plus recourir systématiquement au refuge que représente le rêve pour tant d’enfants ? je ne dis pas qu’il faut perdre toute part d’illusion. cette douce folie doit nous permettre de croire qu’il est encore possible d’éradiquer la misère. mais apprenons plutôt à la maîtriser, à en faire un allier solide pour la lutte contre l’exclusion.Seul un dialogue incessant peut soutenir la lutte contre l’exclusion afin que l’action s’inscrive dans un processus continue et ne soit pas uniquement le seul fait d’une prise de conscience ponctuelle en fonction des campagnes de sensibilisation. car malheureusement dans ce cas, le combat n’a pas d’effet durable.C’est pourquoi il me semble important de lutter au quotidien par des actes pratiques qui, même s’ils paraissent anodins sur le moment, participent à la construction d’une éthique collective.Et pour enfin dépasser une bonne fois pour tout, l’a priori trop souvent répandu à différents niveaux de notre société :tenir compte de la misère au quotidien, ce n’est pas appréhender notre société selon un nivellement par le bas mais oser affronter la réalité afin de renforcer notre volonté collective pour mieux la combattre ensemble.

13/10/2010

[Regard] Musique dans la peau

"Sans la musique, la vie serait une erreur" s'exclamait Nietsche. Qu'on la choisisse ou non, la musique se manifeste dans le quotidien de nos vies. Il faut vraiment vivre isolément pour passer ne serait-ce qu'une journée sans entendre une seule note de musique. Car la musique se niche partout et s'exprime à travers tellement d'objets différents. Un air dans la tête que l'on fredonne ou sifflotte. La musique, on peut l'entendre ou choisir de l'écouter ou encore l'interpréter. Quelle que soit la situation, elle influe ou ponctue, c'est selon, le cours de nos vies.


Dans une rue près de chez moi, j'entends régulièrement le son du saxophone d'un musicien qui répète en laissant ouvert le velux de la pièce. Car la musique est généreuse. Je me prends souvent en passant à m'arrêter quelques instants pour profiter de ce hasard de la vie. Car si l'on prête l'oreille, on découvre alors que la vie grouille de sons plus ou moins harmonieux mais que les musiciens qui jouent à même l'asphalte ou dans le métro - faute d'autres scènes - sont souvent d'excellents interprètes. Ils accompagnent notre journée d'un agrément musical qui embaume nos oreilles.

Mais entendre de la musique n'est pas la même chose que de l'écouter. De plus, en fonction du jour ou de l'activité que l'on fait on se plaît à découvrir une musique différente. Nous avons tous dans notre colonne à CD certains album auxquels nous tenons plus que tout. Une chanson qui nous rappelle un évènement heureux, un artiste auquel on s'identifie où tout simpleement une discographie qui nous ressource. D'ailleurs, on pourrait sans doute effectuer la rétrospective de la vie de chacun à travers les musiques écoutées.

La musique est mère de vertue. D'ailleurs ne dit-on pas que le musique adoucie les moeurs. Elle rend la vie plus agréable et réveille chez chacun le meilleur de lui-même.
Enfin, la musique, on peut la produire soi-même. Je ne parle pas forcément des cours de solfège qu'on a plus ou moins gardés en mémoire comme des souvenirs pas toujours très heureux. Plus simplement celle que l'on produit sous la douche ou dans les fêtes de famille. Quand notre esprit dégagé nous ôte tout complexe.
Chacun n'est-il pas l'interprète de la petite musique de sa vie ?
Chaque mercredi, j'ai le plaisir de vous inviter à découvrir ou redécouvrir sous un jour nouveau, une chanson et son interprète. Au programme : Serge Gainsbourg, Patricia Kaas, Queen, Alain Souchon, The Doors, Morcheeba, Benjamin Biolay, Jean-Louis Murat, hélène Grimaud, Malia ...Un panthéon musical éclectique.

Excellente écoute


24/09/2010

L'éducation, enjeu de société -5- La formation d'adultes

La formation en direction des adultes est une dynamique qui invite l'individu à un épanouissement tant professionnel que personnel. Elle doit par conséquent prendre appui sur l'expérience au sens large du stagiaire. Une des spécificités de la formation auprès d'un public adulte est que ceux-ci disposent déjà d'une expérience, de connaissances et d'un savoir-faire.

Des principes fondateurs de l'éducation populaire, j'ai conservé le point de vue que chacun doit pouvoir à tout moment de sa vie, trouver les conditions d'apprendre, de développer ses compétences.

L'idée que je défends dans ce que j'entends par formation tout au long de la vie s'attache en tous points au droit du même nom proclamé à travers la loi de 1971.

Pour en défendre le principe, je m'appuie sur des valeurs fortes dont j'ai pu découvrir les fondements au cours de mes multiples expériences professionnelles.
Comme tous les métiers issus des sciences humaines, les compétences laissent la place tant aux apprentissages théoriques que pratiques et particulièrement les expériences liées aux relations humaines.
Ainsi, il est fondamental pour le formateur de nourrir sa posture professionnelle à travers sa propre expérience autant qu'à travers les concepts dont on peut faire l'apprentissage de manière théorique.

Pourquoi la formation continue ?
. Parce que chacun n'a pas eu les conditions suffisantes ou le déclic nécessaire pour développer son savoir pendant sa scolarité.
. Parce que la curiosité est un des précieux atouts de l'Homme.
. Parce que rien n'est définitivement décidé et que l'on peut à tout âge prendre la décision d'aller plus loin dans le chemin de la connaissance
. Parce que la formation continue n'agit pas seulement sur la dimension professionnelle mais joue également un rôle considérable dans l'épanouissement personnel.

Décider de reprendre des études pour un individu n'est pas un acte toujours aisé. D'ailleurs, le stagiaire ne vivra pas de la même manière le fait de poursuivre des études, reprendre. Dans un cas, il s'agit de poursuivre une lancée déjà engagée. Dans l'autre, il s'agit de commencer.
Pour un formateur, dispenser un cours auprès d'un publi adulte ressemble parfois plus à un brainstorming, voire à une échange de point de vue car si le professionnel est garant du cadre pédagogique, le savoir et les expériences sont présents chez chacun des participants. A ce titre, la formation est interactive. Et s'il n'existe que peu de formation de formateur, les compétences sont de plusieurs ordres.

La pédagogie ne s'improvise pas et l'on ne peut s'autoproclamer formateur sous le seul prétexte de disposer à son actif d'une importante expérience professionnelle.

Le formateur, pour réaliser son travail de pédagogie, agit sur plusieurs dimensions et doit sans cesse faire appel à des compétences et modes de raisonnements multiples.


Connaissance : se nourrir de nouvelles informations afin de transmettre des savoirs.

Expérience : utiliser pour illustrer ses propos des situations professionnelles vécues.

Empathie : appréhender le plus fidèlement possible la situation de chacun des participants
Imagination : Illustrer les propos en étant capable de transposer ses savoirs sur des situations inédites.

Autant de principes qui sont à l'oeuvre dans le cours de nos existences.

20/09/2010

L'éducation, enjeu de société - 3- Bouleverser l'école - L'EXPRESS

Avec l'aimable autorisation de l'Express et de son auteur, Jacques ATTALI, je publie cette chronique parue dans l'Express. Bouleverser l'école - L'EXPRESS
L'école est le lieu où une société transmet ses valeurs ; et donc, d'abord, le lieu où celles-ci se reflètent. Le succès ou l'échec de l'école, c'est donc d'abord celui des valeurs qu'une génération veut transmettre aux suivantes.
Les valeurs françaises sont celles d'une société terrienne, d'origine agricole, où l'accumulation est centralisée, autour d'un Etat auquel chacun est relié en ligne droite et où l'excellence passe par la seule raison. Cela conduit à mettre l'accent sur la sélection d'une élite très particulière, une élite de la raison, essentiellement héréditaire, pyramidale, accumulant des richesses autour d'un centre, privilégiant l'esprit de géométrie, art individualiste par excellence, et sélectionnée par la compétition au sein de grandes écoles, évidemment parisiennes, dans une relation directe du maître avec chaque élève, comme du pouvoir avec chaque citoyen.
Il faut passer à une éducation sur mesure, mettant chacun en situation de découvrir ce en quoi il est le meilleur
Ce système échoue aujourd'hui, parce qu'il ne valorise pas les détours et les labyrinthes; parce qu'il exclut l'intelligence de l'intuition; parce qu'il s'adresse à un grand nombre de jeunes, très divers, avec des méthodes pensées pour de petits groupes homogènes et socialement privilégiés. Un système qui ne fait pas confiance, qui ne met pas en confiance, qui ne pousse pas à comprendre que chacun a intérêt au succès des autres, qui méprise tout ce qui n'est pas le travail intellectuel, qui ne valorise pas la créativité, l'imagination, l'erreur, la prise de risques.
Or le monde d'aujourd'hui a besoin d'empathie, d'expérience, de coopérations, de réseaux, de tribus. Il a besoin que les nouveaux arrivants connaissent les univers du mouvement, du changement, du vivant, de l'intuition, du collectif. D'où l'échec de notre système scolaire, qui, avec ses méthodes inadaptées, conduit 15% des enfants à sortir du primaire sans savoir lire et écrire et 130 000 à quitter chaque année l'enseignement obligatoire sans diplôme. Sans compter bien d'autres impasses.
Tout doit changer. Il faut passer à une éducation sur mesure, mettant chacun en situation de découvrir ce en quoi il est le meilleur et comment il peut avoir intérêt, pour réussir, à aider les autres à s'épanouir.
Pour y parvenir, il ne suffira pas de créer quelques internats d'excellence, qui ne feront qu'élargir homéopathiquement le champ d'une élite anachronique, mais il faudra changer de vision du monde, privilégier le collectif, la diversité, l'intuition, la créativité. Pour cela, d'abord, former les maîtres à un monde nouveau. Et surtout, en amont, changer le regard des parents sur leurs enfants : ils ne doivent plus souhaiter en faire les meilleurs dans les disciplines les plus recherchées à leur époque; ils ne doivent plus penser que le succès, demain, sera à l'image de celui dont ils rêvaient dans leur jeunesse. Ils doivent admettre qu'elle passera d'abord par le libre choix de modèles d'excellence, individuels ou collectifs, économiques ou sociaux, politiques ou associatifs, qui restent à imaginer avec les élèves eux-mêmes; et donc par l'excellence dans des disciplines sans cesse renouvelées, assemblages sur mesure de savoirs multiples.
Tel est le saut le plus difficile qu'une génération doit faire si elle veut vraiment être utile aux suivantes.
Jacques ATTALI

16/09/2010

[Regard] Le parti pris de la mobilité

En quelques années, la mobilité s’est imposée à nous . Elle ne désigne pas un aspect particulier de la vie mais constitue une dynamique tranversale dans les activités quotidiennes. On peut même dire que le fait d’être mobile est une nécessité. Ce n’est plus une simple option mais une condition indispensable pour appréhender le monde. La mobilité est géographique, sociale, matérielle et sans être poussée à l’extrême, cette tendance contemporaine nous renvoit à une forme de nomadisme. La mobilité est plus qu’indispensable, elle est inéluctable. Et qui mieux que la ville peut en impulser la dynamique?


A Angers, La mobilité est une orientation pour la ville. Quels en sont les enjeux ?

La mobilité à l’échelle de la ville passe par une incontournable et néanmoins nécessaire politique des déplacements. C’est souvent la première thématique qui se dégage et qui demeure la plus visible. Pistes cyclables, réseaux de bus, moyens de transport doux, les outils de déplacement sont légions.


La mobilité est une dimension beaucoup plus vaste dans les activités humaines. A l’égard du téléphone portable, la plupart des nouveaux produits hi-tech sont mobiles c’est à dire transportables partout dans nos déplacements. On ne compte plus les équipements qui offrent les services de la mobilité avec, par exemple, une connexion wi-fi comme les hôtels mais également les supermarchés ou encore les places publiques. La mobilité accompagne la société de l’immédiateté.

Etre mobile est devenu en quelque sorte une norme sociale.

A cet égard, la ville se doit de s’inscrire dans cette évolution en facilitant en son sein les différentes formes de mobilités. C’est d’ailleurs une évolution intéressante car elle permet de rompre l’isolement et favorise l’appropriation de leur territoire par les habitants.

L’appropriation de l’espace public se caractérise par un égal accès de tous à l’ensemble du territoire, quelque soit notre rythme, notre âge, nos difficultés aussi.


31/08/2010

[Regard] La fin ?


(Photo de Franck CABON)

Depuis que notre civilisation existe, il y a toujours eu des gens qui défendent la thèse de la fin du monde. Certaines sectes se sont mêmes fondées autour de ce principe. Fantasme ou réalité ?

Voici le regard de Nathalie RAGUIN, Professeur d'Histoire dans un lycée de l'Académie de Caen.


Paris, mai 1910. La bonne société retient son souffle et profite de ses dernières bouffées d'oxygène pour vider quelques bouteilles de champagnes. Motif de la célébration : la fin du monde est pour le lendemain. La comète de Halley va frôler la Terre, libérant dans son sillage un gaz mortel pour tout être vivant n'ayant pas eu possibilité de suivre les bons conseils de certains journaux pourtant sérieux, à savoir descendre sous la mer, lieu refuge inaccessible au gaz.
Nous rions de l'incrédulité de nos ancêtres, ayant eu si peu foi en l'avenir. Nous faisons de leurs peurs de l'apocalypse un objet de fascination ou bien d'instrumentalisation. A chaque époque son regard amusé ou condescendant sur le passé. Les savants de la Renaissance ont jugé parfois bien cruellement le Moyen-Age et son lot de superstitions, donnant naissance au mythe des frayeurs millénaristes, connu sous le nom de « grand-peur de l'an Mil ». Le XIXe siècle a tenté de faire dire à la Science ce que l'homme avait depuis si longtemps ignoré. Car parmi toutes les questions que peut abriter un esprit humain, il en est une qui rend fou. Quand ? Quand tout ceci va-t-il prendre fin ? Quand l'homme va-t-il devoir payer le prix de son passage sur terre ou bien gagner sa récompense divine ? Et surtout, comment cet apocalypse va-t-il survenir ? Feu du ciel, courroux divin, déchaînement des éléments, menace extraterrestre, autodestruction... Chaque société, chaque religion s'est à un moment donné ou à un autre penché sur cette question abyssale. S'il y a bien un point commun entre les civilisations, c'est celui-ci.
Plus de 100 ans après les "cocktails fin du monde" ayant défrayé les chroniques mondaines parisiennes, nous allons à notre tour devoir nous interroger sur le mot "fin". Personne ne peut ignorer qu'une date de péremption nous aurait été imposée par le peuple Maya. 21 Décembre 2012… Une journée qui ne manque pas de faire parler d'elle. Certains en sont persuadés. Nous n'avons survécu au passage à l'an 2000 que pour mieux nous éteindre en 2012. Le fait de crédibiliser une date en s'appuyant sur des prédictions venues d'un autre âge n'est pas nouveau. C'est même une constante dans les théories apocalyptiques. Mais alors ne sommes-nous pas capables d'apprendre de nos erreurs et de comprendre une fois pour toutes les mécanismes qui nous amènent, de façon inéluctable, à prendre peur de la fin de notre monde ? Fascinants points communs, qui nous prouvent qu'en dépit de toutes les évolutions technologiques, un être humain reste un être humain. Nous vivons sans forcément nous en rendre compte dans une angoisse de la mort quasi permanente. Nous voyons les choses nous échapper, parce que nous ne les comprenons pas, ou tout simplement parce que nous sommes dépassés par ce qui nous entoure. Etre capable de prévoir la fin, d'anticiper, ne serait-ce pas finalement un moyen de reprendre le contrôle ? Nous nous révélons en ce début de 21e siècle encore pétris de religions, ces dernières alimentant subtilement nos peurs les plus profondes, question de contrôle encore. Le contexte économique n'arrange en rien les choses, ne pouvant que tracer le chemin vers un avenir au mieux sombre, au pire inexistant. Le constat d'une planète qui se réchauffe, qui devient invivable, parachève ce sentiment que nous ne contrôlons plus rien, que nous sommes devenus l'instrument de notre propre fin. 2012 devient une catharsis de toutes ces peurs, de toutes ces dérives. Pas étonnant que nous retrouvions cette date mentionnée un peu partout… Films, livres, sites Internet, et même discours politiques… Là où seule la religion pouvait fournir des explications quant au "comment" et au "pourquoi", nous mettons désormais la science au service de nos phobies apocalyptiques. Finalement, l'une des seules constantes dans tout ça est que nous pouvons être sûr que la fin du monde est toujours pour demain, et que notre présent sera toujours habité par cette question de savoir quel demain. Et si jamais nous étions encore là au matin du 22 Décembre 2012, ne soyons pas trop déçus. Il existe dors et déjà de nombreuses prophéties de secours…

Nathalie RAGUIN.

19/07/2010

[Regard] Le "rire social", comme cartahrsis

http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/porte-guillon-l-humour-vire-de-la-matinale-de-france-inter_901177.html



Depuis toujours, le rire possède un pouvoir libérateur. Pour celui qui fait rire, en acquérant une certaine notoriété, pour celui qui rit, en expulsant une grande part de son angoisse. Pour mener une véritable réflexion sur le rire, il ne faut pas oublier en outre l'objet du rire, son sujet, son motif. Soit, chez bon nombre d'humoristes: celui de qui l'on rit.








Il existe bien des manières de rire et de faire rire. L'humour se déclenche toujours à partir d'un contexte précis. Le « rire social » qui fait actuellement frémir les médias, appartient au registre de la caricature qui passe par la mise en valeur des défauts humains. Pour Henri Bergson, l'homme prend plaisir à rire des difficultés de ses congénères car elles le renvoient à ses propres faiblesses et lui permettent, d'une certaine manière, de s'en libérer, selon l'effet de la catharsis. Ce sont ces situations qui inspiraient les grands acteurs de pantomimes comme Charlie Chaplin et Buster Keaton.
La fonction sociale du rire intervient dès lors que l'objet du rire se déplace de la condition universelle de l'homme à la sphère du politique uniquement. Dès le Moyen Age, le théâtre de foire caricature les représentants du pouvoir, à travers des attitudes largement exagérées qui se codifient progressivement: les médecins, les hommes d'église sont ainsi interprétés avec beaucoup de dérision. Dans ce contexte, le rire moqueur permet de relativiser l'importance du pouvoir et par la même occasion la soumission du peuple à ce pouvoir. Rire du pouvoir c'est donc alléger son impact, s'affranchir des contraintes, casser les codes hiérarchiques, au moins le temps d'une farce, et ainsi se donner le sentiment de conserver sa liberté. Ici, c'est bien la fonction sociale, le statut, d'une catégorie de personnes qui est sujet de dérision, non l'individu lui même. Le rire tel qu'il se pratique dans la société actuellement ne cible pas que des catégories politiques, des fonctions sociales, mais des individus précis et identifiés. L'objet du rire est devenu nominatif. Dès lors, le risque est grand de toucher à l'intégrité de la personne. Le constat devient problème avec l'usage de la parole, comme médium du rire, et l'utilisation des caractéristiques individuelles comme objet du rire: caractéristiques sociales, mais aussi physiques. Plus que la fonction, le rire touche ici le privé, voire l'intime de la personne.
Se pose alors la question du « pourquoi »? Pour quelle raison? Dans que but? Pour se libérer de quoi? Le « rire social » ne peut être gratuit. Il se doit de servir un objectif à vocation sociale. En quoi l'utilisation de caractéristiques physiques individualisées dans un mot d'esprit sert-elle la société?
La liberté d'expression est un précieux trésor pour notre époque et notre société. C'est un acquis sur lequel il est impossible de revenir. Nous devons pouvoir exprimer librement nos opinions, accords et désaccords. Tout le monde s'accorde à le dire, ce n'est qu'à cette condition que la démocratie peut exister. Dès lors, tout peut-il être dit? Qu'elle qu'en soit la manière?
Suffit-il de brandir le drapeau de l'Humour pour justifier toutes les réparties comme on brandit trop souvent celui de l'Art pour justifier toutes les productions plastiques?

Anne-Sophie H.

08/07/2010

[Regard] Présocratiques


Dans l'histoire de la philosophie, il est entendu que Socrate est le père de la discipline. C'est pourquoi on nomme présocratiques, les philosophes qui le précèdent avant le 5e siècle av JC. C'est pourtant eux qui ont donné naissance à la discipline sans toutefois lui donner ce nom.


Il s'appellent Thalès, Pytagore ou encore Héraclite, Parménide, Zénon d'Élée, Anaxagore, Empédocle et Démocrite. Ils marquent déjà une rupture avec les idées de leur époque dans la mesure où ils présentent des concepts et une exigence de rationalité qui tranchent avec les mythes et autres fables de l'époque. Comme leurs successeurs, ils connectent leurs réflexions avec leur mode de vie. Ainsi on peut dire qu'ils incarnent leur principe philosophique. C'est également cette origine qui fait de la philosophie la reine des disciplines en ce sens où elle demeure pionnière. Ce sont en effet les tous premiers à proposer une réflexion sur l'existence et à forger des concepts. Et au cours des siècles qui suivirent, elle a su conserver ce caractère généraliste qui fait de la philosophie le prisme d'une pensée commune à tous les sujets.

Un trait commun caractérise les philosophes présocratiques : le rapport à la nature. Autrement dit ce sont des physiologues : philosophes de la nature.

Aux sources de la nature

Dans le débat traditionnel, on a pour habitude d'opposer systématiquement nature et culture. Les présocratiques, tous premiers philosophes (VIIe siècle avant JC), ne faisaient pas cette distinction. Mieux, ils faisaient de ces deux notions des vases communiquants.

L'eau, l'air, la terre ou encore le feu sont les objet sur lesquels il s'interrogent, c'est pourquoi on appelle parfois leur pensée : "la philosophie des éléments".

Ainsi, pour Thalès, la nature entière est composée d'eau en mouvement perpétuel. Et la terre, l'air le feu ne seraient que des émanations ou des résidus de cette eau. Pour Anaximène, un de ces successeur, le monde est une respiration et l'élément selon lui primordial est par conséquent l'air. Puis Anaximandre développe l'idée d'un infini et ouvre la porte au monde des idées.

Mais ne nous y trompons pas, ce n'est pas parce que leur réflexion s'appuie sur des éléments de leur environnement quotidien et en ce sens basique que leur pensée en est réduite à cet état. C'est au contraire le principe fondateur de l'esprit critique et de l'étonnement philosophique.

D'ailleurs s'appuyant sur la thèse de Nietsche, Michel ONFRAY critique le terme de "présocratique" car il regroupe selon lui sous la même dénomination des courants de pensées éloignés.

Il n'en reste pas moins que le questionnement sur la nature est le premier grand sujet philosophique apparu dans l'histoire. Pour s'interroger sur la nature, il fallait mettre de côté les mythes religieux et utiliser sa seule raison.

C'est Socrate qui par la suite orientera la réflexion sur l'existence humaine et non plus sur la physique, et en répandant l'usage de la dialectique, nom qu'il donnera à son raisonnement.

Pour autant, les idées de cette communauté de philosophe n'ont rien à voir avec les thèses de la décroissance mais leur interrogation se porte sur ce qui les entoure, comme fondement de leur quotidien et socle de leur évolution. C'est une élévation de la pensée.


Lire ou relire ces philosophes précurseurs de la pensée, c'est effectuer en quelque sorte un retour aux sources. Peut-être une réponse ou tout au moins un écho pour notre époque ?



25/06/2010

[Regards] Rédacteur d'un jour



"Carte blanche", c'est le nom d'un champagne que l'on trouve parfois dans les banquets.



Sur le modèle de ces repas festifs, j'ai souhaité, une fois n'est pas coutume, inviter des rédacteurs à s'exprimer pour élargir l'horizon de ce blog. Ils vont, par leurs regards, apporter une nouvelle vie à l'existence tranquille de ce media.



Mais cette ouverture marque également ma volonté d'entreprendre collectivement car je pense qu'à plusieurs, on y gagne toujours.



Aujourd'hui, c'est par conséquent à une autre forme de table que je vous convie chers lecteurs. A travers cette "Carte blanche" j'offre en effet à plusieurs personnes de mon entourage sensibles à la chose écrite de s'exprimer dans une tribune. Avec un seul mot d'ordre : Je veux bien tout mais pas tout et son contraire. Sans plus attendre, je vous laisse déguster. Pourquoi pas vous ?

26/04/2010

[Portrait] L'exemple de Diderot

Diderot a touché à tous les genres littéraires s'y montrant souvent novateur.

Chez Diderot, les idées s'effacent un peu devant la méthode. Il est moins question d'imposer ses vues personnelles que d'inciter à la réflexion personnelle sur base de différents arguments, donnés, par exemple, par les intervenants des dialogues. Les idées personnelles de Diderot ont de plus évolué avec l'âge.
Plutôt que philosophe, Diderot est avant tout un penseur. Il ne poursuit en effet ni la création d'un système philosophique complet, ni une quelconque cohérence : il remet en question, éclaire un débat, soulève les paradoxes, laisse évoluer ses idées, constate sa propre évolution mais tranche peu.

Diderot incarne selon le refus de la fatalité.

23/03/2010

[Portrait] L'indomptable Martin Hirsch


Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse vient de faire les frais du remaniement technique du gouvernement Fillon 4. Pour être plus exact, il quitte le gouvernement à sa demande, seule la date lui a été imposée. Détesté, jalousé ou encore encensé, cet Homme politique inclassable car multiple vient de vivre une expérience que beaucoup d'autres ont connu avant lui. Mais pas avec la même classe.


Avant d'entrer dans le gouvernement à travers un statut à part, Martin Hirsch était déjà un homme public. Par ses nombreux engagements associatifs mais également à travers ses écrits. Enfin, par le biais des responsabilités qu'il a exercé au sein de cabinets ministériels comme ceux de Martine Aubry et Bernard Kouchner. Il est un intellectuel au sens politique du terme. C'est à dire qu'il connaît autant les rouages techniques de l'administration que les arguments du débat citoyen. Ni véritablement Homme politique, ni Haut fonctionnaire à part entière, il est les deux à la fois et refuse systématiquement de choisir. Au-delà de ses compétences, c'est son intuition qu'il propose.

Président d'Emmaüs France jusqu'à ce qu'il soit nommé Haut Commissaire, il était parallèlement directeur général de l'agence des solidarités actives qu'il a lui-même fondé pour expérimenter ce qui s'appellera plus tard le RSA. C'est d'ailleurs à l'époque du gouvernement villepin où il présidait la commission Familles, vulnérabilité et pauvreté qu'il élabora ce nouveau dispositif. Fidèle à ses valeurs et convaincu par cette réforme, il rencontra durant la campagne présidentielle les deux principaux candidats PS et UMP afin de le faire entendre le bien fondé de son projet. C'est ainsi qu'on a oublié depuis que le RSA figurait sur le programme présidentiel de Ségolène Royal comme sur celui de Nicolas Sarkozy.

Pour ma part, c'est à travers sa plume que j'ai découvert ce militant car plus que par engagement, c'est par militantisme qu'il a assumé ses fonctions gouvernementales. Dans Manifeste contre la pauvreté, il présente sous un regard moins compassionnel d'empathique la réalité des plus modestes. Sans émotion puérile avec le souci de témoigner.

A l'heure de son départ, il laisse un bilan certes loin d'être achevé néanmoins intéressant. Mais ne nous avait-il pas avertit qu'il ne souhaitait pas s'inscrire dans une action durable mais juste vouloir obtenir les garanties de la mise en oeuvre de ce pourquoi il avait accepté la mission.
Libéré des contraintes auxquelles il était parfois assujetti, faisons lui confiance pour qu'il continue, avec autant de convictions, son combat contre la pauvreté.
Mais la plus grande victoire dont peut s'ennorgueuillir Martin Hirsch c'est d'avoir cassé les idées reçues sur les pauvres et réunis les mécènes et les acteurs sociaux afin de faire vivre de projets communs. C'est à partir de ses idées neuves tels que les start up social et autres dérivés que l'on a enif pu envisager de réunir l'économique et le social sous un même projecteur.
A propos de la politique dite d'ouverture à laquelle il a participé, 3 ans après, je maintiens ce que j'avais écrit en 2007.
Un engagement personnel en faveur de la société civile au-delà de toutes idéologies.La nomination de personnalités à sensibilité de gauche autour d’un projet de gouvernement de droite provoque une incompréhension légitime. Néanmoins, plus je réfléchis à l’entrée de Bernard Kouchner dans le gouvernement opposé aux valeurs qu’il porte et plus je comprends son acte. Voire même je l’admire à présent. Car en dépit des reproches qu’on lui porte, le « French doctor » démontre par cet acte son engagement moral. Il s’agit en effet d’un engagement personnel – et à ce titre dénué d’idéologies – qui témoigne de la nécessité d’une intervention dans les relations internationales au nom d’une éthique humaniste. Hubert Védrine, ancien ministre à ce poste, déclare que cette mission dépasse les clivages politiciens. Un humanitaire comme ministre des affaires étrangères et européennes, c’est plus qu’un symbole, mais un véritable message qui redonne du sens à l’action.
Bien sûr, lorsque l'on porte une idée certaine de la rénovation d'une société et que l'on détient les compétences qui prévalent à cette fonction, il est certes plus aisé de les mettre en oeuvre au sein d'un gouvernement avec lequel on partage des valeurs communes. Toutefois, il demeure possible d'agir de l'intérieur d'un système qui nous est éloigné idéologiquement si l'on en fait un combat au nom d'un peuple. C'est, il me semble, cette idée que défend Bernard Kouchner en acceptant la fonction qu'il occupe désormais. De ce fait, hormis la majorité qu'il représente dorénavant, il fait la preuve qu'il est possible de mener une action de l'intérieur. De ce point de vue, le réseau qu’il s’est constitué dans le cadre des ses nombreuses expériences va lui servir de repères.
Il en est de même pour la décision de Martin Hirsch. Ce qui le guide surtout à mon sens, c’est l’état actuel de la France qui ne saurait attendre une rénovation. En témoigne particulièrement la situation croissante de la vulnérabilité d’une partie de la population. Partant de ce constat, aucune objection idéologique n’est suffisante pour rester impassible. Même lorsqu’il s’agit d’une stratégie politique. L’enjeu consiste à conserver une ligne claire en tant que technicien d’une tâche.

Finalement, il me vient à penser que par cette démarche d’ouverture le nouveau Président de la République tient moins à la nature de l’action qu’il souhaite mener qu’au fait d’y tenir une place centrale. Et ainsi d’être suivi par une majorité de partisan. C’est peut être au fond, cette seule valorisation qu’il poursuit.

En tant qu’acteurs de terrain et par conséquent habitué aux situations de crises, je pense que les deux personnalités ont la capacité d’initier, chacun à leur place respective, une pression intérieure suffisante afin de constituer un contre pouvoir. Il n’en demeure pas moins qu’ils vont devoir mener de front un dur combat au nom des valeurs qu’ils défendent. C’est pour cela que leurs choix sont à mes yeux tout à fait respectables.