25/09/2007

La croissance économique, l'affrontement de deux thèses non exclusives

Après avoir écouté l’interview de Jean-Pierre RAFFARIN sur France Inter ce matin, j’aimerais revenir sur certains propos qu’il a tenu. Voici, en substance, ce que j’ai retenu l’une de ses idées forces.Evoquant très brièvement le sujet de la croissance économique, il oppose deux thèses selon lui opposées. D’une part, une thèse qu’il qualifie de « socialiste » qui consiste à partager la masse globale du travail et qui, toujours selon lui, ne conduit à aucun développement de l’activité économique mais plutôt à une stagnation. De l’autre, une théorie sans doute « libérale » où les heures supplémentaires génèrent des revenus complémentaires qui produisent alors une augmentation de la consommation. Et de ce fait, ce deuxième aspect est un facteur de croissance économique.Ardent défenseur de la politique du gouvernement actuellement au pouvoir, l’ancien Premier Ministre vante en tous points les mérites de la deuxième thèse. Cependant, pour qu’elle soit réellement efficace, elle doit réunir deux conditions. Tout d’abord que les heures supplémentaires effectuées par les salariés soient réellement rémunérées. Et surtout, que le pouvoir d’achat supplémentaire, soit réinjecté par les bénéficiaires dans la consommation. Malheureusement, nous n’avons de garanties, à l’heure actuelle, sur aucune de ces deux hypothèses. De plus, il n’est rien de moins évident que cela arrive. En effet, la plupart des salariés effectue déjà des heures supplémentaires sans être rémunérés pour autant. Et le décret d’application concernant ces rémunérations n’est pas encore paru. Comment imaginer qu’aujourd’hui, ces heures déjà assurées « gracieusement » malgré les 35 heures soient réellement rémunérées à présent. Cette procédure ne peut donc avoir un impact très favorable auprès les entreprises. D’autre part, les résultats d’une récente étude montrent que les salariés ne sont pas forcément intéressés par des heures supplémentaires mais privilégient plutôt le temps passé auprès de leur famille ou à des activités de loisirs, voire dans un engagement associatif. Pour ce qui est de la deuxième hypothèse, elle est une conséquence de la première. Sous réserve que la mesure soit réellement appliquée, les heures supplémentaires rémunérées conduisent les heureux bénéficiaires à consommer plus et par conséquent à relancer la dynamique économique. Cette prévision me semble néanmoins très fragile. Face à l’avenir incertain manifesté par les nombreuses réformes et notamment celle des retraites, je pense qu’un réflexe naturel va conduire les consommateurs à capitaliser l’argent en prime, plutôt qu’à le consommer. En clair, chacun va, et de plus en plus, se garantir un pactole personnel pour assurer sa subsistance. De ce fait, cet argent supplémentaire dégagé ne va pas rejoindre le bien collectif réduisant ainsi une possible redistribution des richesses. Ce dernier aspect montre bien que la confiance des populations en l’avenir est un facteur à ne pas négliger dans une politique, même économique. Car la consommation est soumise aux aléas de la conjoncture. Une des tâches essentielle d’un gouvernement est par conséquent de mettre tout en œuvre pour relancer une dynamique collective et fédératrice au sein de la société et ainsi favoriser le bien être des individus qui la composent. C’est sans doute à cet endroit précis que se joue la juste mesure entre une politique sociale et politique économique. En effet, la politique économique garantie la croissance source du développement des richesses et la politique sociale applique les mesures qui permettent une juste répartition de celles-ci tout en contribuant au lien social : facteur de confiance. François-Xavier Helbert

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