11/06/2008

"Résister, c'est créer"

A de maintes reprises, la phrase restée célèbre du philosophe Gilles Deleuze, a été employée. Doit-on comprendre ici la résistance au changement en faisant l’apologie d’un confort acquis et immuable ? Sans doute pas de la part d’un philosophe. C’est même tout le contraire. Récemment, un ouvrage co-écrit par Florence Aubenas et Miguel Benasayag l’arbore en titre। La définition contemporaine de cette formule s’exprime ouvertement à travers les différentes initiatives de type « alter »। Quelle concerne les domaines de l’environnement, l’économie ou la culture, il s’agit là d’une forme de résistance aux inégalités que produit la mondialisation. La motivation des acteurs qui s’engagent dans ces mouvements sociaux est de favoriser l’accès de tous aux évolutions du monde en se faisant porte-parole des plus faibles. Par la « résistance », il s’agit alors de réguler le système de manière à ce qu’il ne profite pas seulement à quelques uns. Au regard de l’Histoire, le verbe « résister » reste par ailleurs fortement ancré dans les mémoires, du fait du sens qu’il a pris dans l’action au cours des deux guerres mondiales. Aujourd’hui encore, cet attribut est synonyme de courage et témoigne d’une forte dimension humaine. Sauver l’autre. Cet individu qu’on ne connaît pas mais qui nous est proche. Face au contexte de la guerre, chaque individu se trouve au même niveau. L’entraide humaine sans distinctions apparaît alors comme une initiative naturelle.Selon ma propre interprétation, « résister », c’est d’abord renoncer à ses propres a priori, réguler cet instinct qui nous fait nous méfier de l’autre lorsqu’il est différent. Lorsque l’on observe le monde, il est évident de constater que la peur de l’autre est à la source des plus grandes barbaries, car la méfiance contribue à regarder l’autre comme son ennemi. Sur le plan international par exemple, la cause de nombreux conflits relève peut-être de cette absence de prise de conscience. Chacun porte en lui un dessein et passe sa vie à tenter d’en maîtriser la conduite. Nos congénères constituent néanmoins une contrainte à la réalisation de ce qui nous anime au plus profond. Surtout, lorsqu’il nous faut ramener chacun à sa cause mais que personne ne se conduit exactement comme on l’aurait souhaité. Animé par un projet singulier, il est alors nécessaire de faire preuve de tolérance envers l’autre.Cette forme de « résistance » serait en vérité une régulation interne propre à chaque individu. Une lutte intérieure contre ses propres a priori. « Pour qu’une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps » disait Flaubert. Sans doute faut-il s’adonner plus régulièrement à cet exercice. Il est malheureusement certains sujets qui éloignent les hommes. D’autres qui les rapprochent. Mieux vaut éviter ceux qui tuent l’amitié

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