08/09/2008

La gare, coeur d'une ville


Une ville sans gare est un peu comme un être sans âme. Commencer ainsi mon propos est peu rude. C’est le sentiment qui se dégage lorsque je parcours les rues d’une cité. Cependant une telle absence est rare car même sans infrastructure, chaque cité possède un point stratégique qui, dans l’usage, sert de départ et d’arrivée aux habitants.

Symbole d’ouverture, une gare est un endroit magique. Le plus souvent, la seule évocation de son nom suffit à nous évader. Cet équipement, noyé parmi le patrimoine immobilier de la ville, abrite de multiples situations. Sous le simple décors de la vie quotidienne, un fourmillement de projets se met en scène. Aux enjeux tous azimuts. Un entretien professionnel décisif, le début d'un périple touristique, des retrouvailles familiales ou tout simplement, le trajet quotidien dont on peine à goûter la saveur. Mais il n'est nul besoin de vivre dans une grande ville pour connaître cette effervescence. Dans les bourgs dépourvus de gare officielle, c’est souvent la place du village qui assure le carrefour des flux humains. L’image d’un individu debout, un sac à ses pieds au milieu d’une place déserte au petit matin attendant un bus est bien connue. Chaque matin, de nombreux écoliers connaissent cette attente et le sentiment d’appréhension de la journée qui s’y rattache parfois. J’habite à proximité d’une gare, d’où j’entends régulièrement les bruits qui animent cette maison des voyageurs. A tout moment, ils me rappellent mes voyages et me plongent dans une nostalgie positive. Lorsque je me ballade en ville, je m'arrange toujours pour passer devant cette imposante gare. De l'extérieur, mon regard pénètre la baie vitrée pour se poser sur les visages des voyageurs en attente de leur train. Puis, lorsque je m'avance pour acheter un journal, mon regard n'a d'autres horizons que le nom des villes indiqué sur le tableau d'affichage des départs. Et là je me prends à rêver sur le chemin qui me ramène à mon appartement.A l’échelle d’une ville, la gare porte deux caractéristiques essentielles. Tout d’abord physique mais également émotionnelle. En effet, la gare, support de notre mobilité, abrite secrètement des émotions . De la même manière que l’on peut dire que la forêt est le poumon de la planète, la gare constitue un peu le cœur d’une ville. Elle centralise tous les réseaux de déplacements. Tels de multiples vaisseaux sanguins, les réseaux de bus de métro, de tramway s’échappent de ce centre nerveux afin d’alimenter la ville de ses habitants. Voyageurs ponctuels ou résidents à l’année. Sucre rapide et sucre lents nourrissent le corps urbains. Mais si j’osai, je comparerai la gare à une cathédrale contemporaine. Les voyageurs ne sont-ils pas des pèlerins en recherche d’un ailleurs. Plus qu'hier les gares modernes se présentent comme les édifices religieux du XXIe siècle. Cette idée, un peu saugrenue au premier abord, me vint et se confirma au cours des nombreuses heures que je passai dans ces endroits magiques. Il se passe comme une sorte de pèlerinage contemporain dans ces espaces de brassage et de mixité, d’adieux et de retrouvailles. Bref, de rencontres.Début d’un périple ou au contraire issue d’un séjour, simple étape d’un parcours, une multitude d’instants plus ou moins heureux où se jouent des évènement parfois même des péripéties de la vie. Au regard du monde, la gare est un abris de l’infini.

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