15/09/2008

La voix, témoin de l'instant

Radio, téléphone et même conversation de visu, autant de situations de la vie quotidienne où la voix est porteur de sens et permet l’échange. La voix est un support de communication complexe qui se caractérise par de multiples signes : intonation, polysémie des termes, parfois même éloquence... Tous ces paramètres sont déterminants dans le message transmis. Néanmoins, cette richesse ne semble pas toujours suffisante pour transmettre l'essentiel. Il arrive même que la voix soit source d’incompréhension. La voix est un organe sensible, témoin de l’instant, elle traduit autant ce que l’on veut dire, que ce que l’on cherche à camoufler. On ne peut toujours en maîtriser la portée. Elle dit de nous ce que nous n’osons pas avouer. Fragile, elle peut trahir nos intentions au moment même où l’on doit affirmer une assurance. Elle nous dévoile à notre insu pour le meilleur comme pour le pire. Un plateau d’argent pour les sentiments. Mais la voix porte aussi un impact sur l’auditeur. A tout moment, elle peut éveiller l’émotion chez celui qui écoute avec attention. Il n’y a qu’à écouter une voix sanglotant pour qu’elle traduise l’angoisse, la pitié ou encore la joie. En ce sens, la voix est source de lien social. D’un point de vue plus tragique, la voix se présente également comme le symbole de moments fort de l’Histoire. L’appel radiophonique du 18 juin avec les trémolos des speaker de l’époque incarne à lui seul le pouvoir de la voix. L’émotion patriotique. Dans les contextes de challenge aux lourdes conséquences, la voix se présente comme un puissant stimulant. La guerre, le sport et bien d’autres situations où l’Homme est en proie à son destin. Il arrive également que la voix se suffise à elle-même. En effet, la voix des journalistes, souvent attractive, constitue autant de repères que le sujet des animations qu’ils animent. On se laisse bercer par une sonorité rassurante sans s’attacher aux messages. Le matin au réveil, il n’est pas rare de ne saisir qu’à moitié les informations diffusées. On reproche souvent à la parole de ne laisser que peu de traces. La voix ne se suffit donc pas à elle-même. Diffuse, elle ouvre grand la porte à toutes les interprétations. Spontanée, elle oscille entre approximation et emphase. Oral versus écrit. Pourtant la voix offre une palette de nuances : la douceur, l’agressivité, l’assurance. Il faut pour chaque situation, trouver le ton juste. Dans un discours la voix va habiller le mot en renforçant le sens exact qu’il porte. En ce sens elle corrige la polysémie malveillante. Malgré la diversité qu’offre la voix, les conversations téléphoniques me sont de plus en plus insupportables. Souvent éphémères en raison du coût qui pèse sur le forfait, elles mes semblent souvent très parcellaires pour ne pas dire lapidaires. En effet, deux possibilités s’offrent alors. 1) Débiter à la suite tout ce que l’on veut témoigner à l’autre par nécessité ou dans l’euphorie du moment. 2) Taire consciemment certains sujets de peur de s’éterniser ou de provoquer une compréhension chez l’autre. Quelque soit le choix adopté, il demeure source de frustration. Il n’y a véritablement que le chant qui rapproche la voix de la perfection. Du point de vue de l’humanité, la voix incarne la pureté. Car n’oublions pas que le premier cri est le symbole de la vie.

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