31/03/2009

En travaux




Pour continuer de séduire ses habitants la ville connaît des périodes de travaux et de rémissions qui ponctuent la vie de ses résidents. Même lorsqu’il s’agit d’un projet plébiscité par les administrés, le temps des travaux n’est jamais une partie de plaisir. Mais rétrospectivement chacun prend conscience de l’intérêt.




Dans la rue il y a des travaux. Et moi j’aime regarder les travaux. On me dit : « Du balais ! »« Plus vite que ça, s’il vous plaît ! »Je suis désolé, je n’ai que deux pieds,Je n’ai que deux pieds, franchement désolé.Thomas FERSEN.Dans la ville où je réside, la municipalité à voté la construction d’un tramway. L’aménagement des voies occasionne d’ambitieux travaux qui mettent la ville sans dessus dessous. Tous les repères quotidiens sont brouillés, les passants et les automobilistes sont déboussolés, et chacun râle incapable, à ces stade de commencement du gros oeuvre de se projeter dans l’avenir. Le paysage urbain hier encore uniforme et sans relief se retrouve à ce jour complètement défiguré. Et l’on avance presque à tâtons découvrant sous chaque pas des trous et des bosses. A tel point que le lèche-vitrine ressemblerait presque à une randonnée en moyenne montagne. Pour l’arrivée du printemps, rien n’est moins agréable. Si ce n’est que la végétation très présente dans cette ville va bientôt camoufler ce petit désagrément et couvrir les tranchées béantes d’une fraîcheur retrouvée. Une trêve après l’hiver rugueux.A force de traverser la ville à pieds en long et en large, je me suis trouvé une autre activité que celle de râler en regardant l’état de mes semelles. Aux côtés de mes contemporains, j’observe de jour en jour l’avancée des travaux, ce qui me donne moi-même envie d’aller de l’avant dans ma propre existence. Il n’y a rien d’anormal à cela car l’homme est fait pour se réaliser au travers des projets qu’il invente. Sans doute, d’autres que moi, ajuste le tempo de leur pas sur celui des travaux. Ainsi, à travers les rénovations des canalisations et l’enterrement des réseaux qui constituent une des étapes d’une entreprise d’ampleur, je mesure chaque jour la longueur des câbles et des tuyaux qu’il faut pour alimenter un ville en eau et en électricité. Lorsqu’il m’arrive de m’arrêter plus longuement le midi, je tente de retrouver l’idée qu’a eu le concepteur avant d’entamer la réalisation des trottoirs, rond points et autres objets urbains. Je remonte les étapes qui précédent l’aménagement, élaborées en cabinet d’études par des ingénieurs qui s’étaient fait une certaine idée de l’ouvrage à réaliser. En partant des faits, je décrypte les plans initiaux. Puis, avant de quitter les lieux afin de laisser à leur dur labeur les ouvriers, j’imagine ce que rendra l’ouvrage une fois les travaux achevés. De ce fait, je repars l’esprit plein d’espoir. L’autre jour, alors que je m’étais installé sur une place isolée de la ville, je vis un couple qui, comme moi, regardait les travaux. Dans sa concentration l’homme prenait quelques notes sur un carnet. Surpris par cette démarche, je détournais mon regard des travaux pour observer avec attention ce couple. A première vue, je pensai, que je n’étais pas le seul à prendre plaisir à voir la ville muer. Pourtant en me rapprochant de la scène, je découvrais que ce couple habitait l’immeuble en face et s’évertuait à noter tous les désagréments occasionnés par ces travaux afin de constituer un dossier de plainte. Triste activité…Fxh

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