
Dans ce nouveau texte, je continue de mettre en avant les situations, aussi insignifiantes soient-elles en apparence, où la nature humaine, malgré les obstacles, trouve les moyens de s'exprimer. Car, me semble-t-il, il existe bel et bien des voies détournées où la singularité apparaît. A chacun de se saisir de ces espaces de liberté.
Organisation administrative oblige, les démarches quotidiennes telles que l'ouverture d'une ligne électrique, l'inscription dans une bibliothèque ou encore la déclaration de perte ou de vol nous obligent à renseigner un formulaire type. Même le pôle emploi s'y est mis. L'administration publique les nomme CERFA, et les agences privées appliquent ce même schéma. Comme quoi, les opérateurs privés qui condamnent la bureaucratie s'en accommodent très bien eux aussi. Si la mise en page de ces formulaires diffère sans grande variété tout de même en fonction de l'organisme que l'on sollicite, les questions posées, quant à elle se ressemblent. Quel qu'en soit la finalité, la plupart des dossiers administratifs que l'on remplit se caractérisent par des questions à choix multiples. Il s'agit le plus souvent de questions pratiques et par conséquent basiques sur notre situation familiale et éventuellement quelques demandes plus personnelles qui ne requièrent pas une longue réflexion ni originalité. D'ailleurs, les propositions qui nous sont faîtes en face desquelles ont doit cocher celle qui correspond à notre situation ne sont pas toujours attrayantes. La case correspondant à l'identité ne pose jamais le plus de difficulté. Quoique la situation familiale n'est pas toujours simple à décrire simplement. Surtout pour les couples non mariés: il faut généralement choisir entre :- Concubinage- Union libre- En couple- Fiancé- Vivant sous le même toit- séparé- divorcéLa question des loisirs est assez intéressante de ce point de vue, car chacun veut indiquer chacune de ses activités, cela peut vite ressembler à une litanie. - Piscine chaque semaine- ballade en forêt en famille- jardinage surtout au printemps- cuisine quand j'ai le temps- foot avec les potes- cinéma avec les copinesDans un de ces célèbres ouvrages "Madame Bâ" Erik Orsenna raconte l'histoire d'une femme africaine devant remplir une demande d'asile. Durant tout l'ouvrage celle-ci se trouve en proie à un exercice difficile tant la complexité – et surtout la richesse - de son histoire de vie s'accommode mal de ce type de procédure. Mais il est une case, au beau milieu de ce formulaire qui me plaît tout particulièrement en ce qu'elle représente un vrai espace de liberté. Elle se nomme "autre" et, contrairement aux autres item, elle n'est pas précédée d'une case à cocher mais suivie de pointillé pour y indiquer ce qui n'aurait pas été envisagé par l'auteur du formulaire. Cette case se présente comme un appel d'air à l'imagination. Chacun peut libérer ici sa personnalité en indiquant ce qui le caractérise vraiment. Car ce serait vraiment une gageure de s'en priver. Peut-être faudrait-il que les nouveaux formulaires débutent par cette possibilité : "autre". Quelle meilleure de se définir lorsqu'on sait que "je est un autre".
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