16/11/2009

Le mur mûr

Placé comme un symbole ou construit en dur, composé par notre imaginaire ou fait de sable, le mur se présente dans nos vies comme un obstacle tantôt protecteur, tantôt asservissant. D’ailleurs suivant les circonstances dans lesquelles il apparaît, le mur prend un sens polysémique jusqu’à l’antipode. Symbole de la liberté retrouvée, le mur peut également apparaître comme un barrage à l’accomplissement de la vie humaine.

N’en déplaisent aux maçons et aux architectes, la construction d’un mur n’est pas toujours l’aboutissement d’un projet pertinent bien que mûrement réfléchi. A plus forte raison, lorsqu’il a pour principal but de séparer des communautés humaines. Dans ce cas, le mur signe la marque d’un échec en ces sens où il démontre l’impossibilité à vivre ensemble. Lot commun de toute société. Ce triste projet est par ailleurs un acte fort parce que au-delà de marquer la séparation entre des individus aux pratiques visiblement distinctes, la simple idée du mur formalise dans la durée l’absence de contact entre les peuples séparés. Autrement dit, par ce biais on considère d’emblée qu’il ne sera pas possible de revenir en arrière. C’est un moindre mal diront certains afin d’éviter les conflits sanglants. Mais chacun en conviendra : c’est une forme d’abandon. En effet, on décide d’ériger un mur en dernier recourt pour tourner le dos à ceux que l’on considère comme des adversaires.
Néanmoins, fixer des limites est parfois nécessaire pour permettre les conditions de réalisation de la liberté. Chacun connaît l’article de loi qui précise que la liberté de l’un s’arrête ou commence celle de l’autre. Le rempart entre les existences peut garantir dans la majeure partie des cas le respect de l’intimité de chacun. Et offrir, par la propriété individuelle, un espace propice à son expression. Même si, comme l’affirme PROUDON : « la propriété, c’es le vol » glorifiant, à l’inverse, le bien commun comme un idéal.
Quant à l’adolescent épris du désir de liberté « faire le mur » prend dans son existence un tout autre sens. Cela lui permet d’expérimenter par ses propres moyens les risques dont ses parents veulent le protéger.
Autre nuance, et pas des moindres, le mur peut tristement servir la barbarie. Comme nous le rappelle Jean-Paul SARTRE dans le mur justement, ce sombre édifice sert de support à la lapidation lorsqu’il fait face au peloton d’exécution.
Mais pour finir sur une pierre qui roule optimiste, il est étonnant de s’apercevoir que dernièrement le mur a pris une signification inédite. Il inaugure la page de Facebook sur laquelle chacun peut laisser son message personnalisé. A la manière que ce que fût le mur du préau dans la cour de réaction ou encore l’écorce de l’arbre.
Le mur, en fonctions de son utilisation peut garantir l’expression de la liberté individuelle autant qu’il peut l’entraver. Alors que nous célébrons avec force et enchantement la chute du mur de Berlin il y a tout juste 20 ans, de nombreux murs sont malheureusement toujours érigés aujourd’hui dans le monde. Ouest-France en publiait d’ailleurs la carte le jour de la date anniversaire. Au-delà d’offrir la réunification entre le bloc de l’ouest et de l’Est, la chute du mur s’est illustrée dans l’Histoire comme un symbole de liberté et de non-résignation. Bref un message d’espoir qui doit encore nous animer à notre époque. Les images remplies d’émotions de deux peuples asservis qui se retrouvent enfin ont fait le tour du monde en faisant l’unanimité. Néanmoins, il reste à constater le nombre de murs qui persistent à ce jour dans nos têtes ou en dehors.

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