08/07/2010

[Regard] Présocratiques


Dans l'histoire de la philosophie, il est entendu que Socrate est le père de la discipline. C'est pourquoi on nomme présocratiques, les philosophes qui le précèdent avant le 5e siècle av JC. C'est pourtant eux qui ont donné naissance à la discipline sans toutefois lui donner ce nom.


Il s'appellent Thalès, Pytagore ou encore Héraclite, Parménide, Zénon d'Élée, Anaxagore, Empédocle et Démocrite. Ils marquent déjà une rupture avec les idées de leur époque dans la mesure où ils présentent des concepts et une exigence de rationalité qui tranchent avec les mythes et autres fables de l'époque. Comme leurs successeurs, ils connectent leurs réflexions avec leur mode de vie. Ainsi on peut dire qu'ils incarnent leur principe philosophique. C'est également cette origine qui fait de la philosophie la reine des disciplines en ce sens où elle demeure pionnière. Ce sont en effet les tous premiers à proposer une réflexion sur l'existence et à forger des concepts. Et au cours des siècles qui suivirent, elle a su conserver ce caractère généraliste qui fait de la philosophie le prisme d'une pensée commune à tous les sujets.

Un trait commun caractérise les philosophes présocratiques : le rapport à la nature. Autrement dit ce sont des physiologues : philosophes de la nature.

Aux sources de la nature

Dans le débat traditionnel, on a pour habitude d'opposer systématiquement nature et culture. Les présocratiques, tous premiers philosophes (VIIe siècle avant JC), ne faisaient pas cette distinction. Mieux, ils faisaient de ces deux notions des vases communiquants.

L'eau, l'air, la terre ou encore le feu sont les objet sur lesquels il s'interrogent, c'est pourquoi on appelle parfois leur pensée : "la philosophie des éléments".

Ainsi, pour Thalès, la nature entière est composée d'eau en mouvement perpétuel. Et la terre, l'air le feu ne seraient que des émanations ou des résidus de cette eau. Pour Anaximène, un de ces successeur, le monde est une respiration et l'élément selon lui primordial est par conséquent l'air. Puis Anaximandre développe l'idée d'un infini et ouvre la porte au monde des idées.

Mais ne nous y trompons pas, ce n'est pas parce que leur réflexion s'appuie sur des éléments de leur environnement quotidien et en ce sens basique que leur pensée en est réduite à cet état. C'est au contraire le principe fondateur de l'esprit critique et de l'étonnement philosophique.

D'ailleurs s'appuyant sur la thèse de Nietsche, Michel ONFRAY critique le terme de "présocratique" car il regroupe selon lui sous la même dénomination des courants de pensées éloignés.

Il n'en reste pas moins que le questionnement sur la nature est le premier grand sujet philosophique apparu dans l'histoire. Pour s'interroger sur la nature, il fallait mettre de côté les mythes religieux et utiliser sa seule raison.

C'est Socrate qui par la suite orientera la réflexion sur l'existence humaine et non plus sur la physique, et en répandant l'usage de la dialectique, nom qu'il donnera à son raisonnement.

Pour autant, les idées de cette communauté de philosophe n'ont rien à voir avec les thèses de la décroissance mais leur interrogation se porte sur ce qui les entoure, comme fondement de leur quotidien et socle de leur évolution. C'est une élévation de la pensée.


Lire ou relire ces philosophes précurseurs de la pensée, c'est effectuer en quelque sorte un retour aux sources. Peut-être une réponse ou tout au moins un écho pour notre époque ?



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