02/08/2010

[Chronique de l'insolite] Carolles s'est longuement fait désirer

Dimanche 7 août 2005 :

Il a fallu longer le littoral durant quelques heures avant d’atteindre ses bras de mer. En effet, celle-ci est une masse rocheuse imposante mais gracile, entourée de récifs. Un petit chemin de douanier permet de l’atteindre aisément. Seulement la ballade demande de la patience.
Je suis parti d’un coin de verdure aménagé afin de rejoindre son miroir d’été. De cet endroit, j’ai d’abord dû longer une petite route. En bordure du bitume, autant de villas se dessinaient dans le paysage jusqu’au fil de l’eau. Elles semblaient si imposantes à mes yeux, que mon regard timide n’osa longtemps soutenir celui qui émanait de leur visage de pierre. Au loin, le Mont st Michel se présentait de dos. Non pas qu’il fût fâché, mais la côte Normande n’offre pas le même point de vue que la côte Bretonne sur cet édifice. Or, j’étais naturellement habitué à y accéder par l’autre face, dont le reflet se mire dans le Couesnon. Chateaubriand avait à ce titre, une si belle expression, lorsqu’il se plaisait encore à sillonner les bords de cette rivière. Il me semble qu’il a écrit dans ses « Mémoires d’outre tombe » : « le Couesnon dans son furie, a mis le Mont en Normandie ». Tant et si bien que du lieu ou j’initiai mon parcours, je n’aperçu que le dos du rocher.
La veille, je m’y étais rendu de nuit. Arpentant les rues à pic de ce roc mystique et si propice à la méditation nocturne, je m’étais alors juré d’y retourner.

Oserai-je encore m’étendre sur Carolles ? J’en ai si peu dit sur cette falaise aux tendres récifs qui . Son corps est urbain et son esprit parfois s’enlise, offrant alors un goût de sel. Lorsque j’observai, de son pic qui sert encore de promontoire, les touristes s’allonger sur ses côtes, je dû résister à la douceur de me glisser de même sur le sable. La mer s’était quelque peu retirée, laissant une place humide. Cependant, comme je l’évoquais plus haut, je ne pu contempler ce spectacle qu’après un long effort. Sans doute cette féminité ne se laisse atteindre qu’a ce prix.
Le chemin de douanier que je dû arpenter avant de la rejoindre avait été dessiné le long du littoral. Pittoresque atout qui offrait, au fil de la randonnée, un horizon sauvage. Bien sûr, le chemin n’était pas droit et je passai bientôt devant deux petites bâtisses de pierre dont l’une avait prit le nom de : « cabane de Vauban ». Je ne méditai pas longtemps sur le sort de ce militaire et criai d’un seul souffle, juste à ses côtés et face au ciel azur : « Merde à Vauban ! ». « Je recommande d’ailleurs à quiconque cet exercice », m’avait soufflé la veille un ami. -« C’est extra ». Je laissai pourtant là ma vie d’artiste et repris mon chemin.
Ah ! J’oubliai de mentionner cette crique, au creux de laquelle le circuit me fit descendre. Un panneau l’annonça d’après ce nom : « vallée de Lude ». Un ruisseau s’échappait hâtivement d’un des sommets de ce vallon, et venait se jeter à cours perdu dans une mer lui offrant sa gorge salée.

La plage s’étendait sur quelques kilomètres jusqu’à une extrémité portuaire. C’était Granville. Des petites cabanes construites en bois traçaient une limite entre la plage et la ville. D’un côté la plage accueillait une foule de touristes et de l’autre les rue de la villes semblaient exsangues. Le dimanche, en fin d’après-midi, l’esprit urbain ne proposait que peu de plaisirs pour des gens venu se détendre.

Enfin, je pu contempler Carolles s’étendre de tout son long rivage. Je ne regrettai rien du voyage. Seulement, je déplorai l’absence de solitude en ce lieu. De prestigieuses demeures se dressaient à l’entour. Mais de ce paysage, je ne retint qu’un parfum : celui de flots.

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