15/11/2010

[Portrait] Frédéric TADDEI, l'anticonformiste


Depuis quatre ans Ce soir ou jamais suit son chemin. Un chemin de traverse, parallèle, en dehors des clous.

En deuxième partie de soirée, du lundi au jeudi, Frédéric Taddeï et son équipe concoctent cette émission qui décrypte l’actualité sous un angle culturel. La variété des thèmes abordés et la diversité des invités en font un rendez-vous sans équivalent dans le paysage audiovisuel français actuel.

Artistes, écrivains, intellectuels, ils sont six invités (en général), experts dans leurs domaines, à s’exprimer sur le sujet du jour : Séisme à Haïti, Eric Zemmour et Stéphane Guillon ou, plus récemment, assaut de la flottille Free Gaza par l’armée israélienne...
Sur le plateau ils débattent, se contredisent, ne sont pas toujours d’accord entre eux. Il arrive que le point Godwin soit atteint, mais l’animateur veille à ce que l’insulte ne prenne pas le dessus et que son plateau ne se transforme pas en tribune ou en tribunal.
Nous avons interviewé longuement Frédéric Taddeï à propos de son émission, mais aussi de l’Internet et en particulier d’Agoravox, site qu’il visite régulièrement. Une interview exclusive qui figure ci-dessous.

Taddeï agace pas mal avec son sourire en coin, son air de dandy et son apparente décontraction. Il prétend lui-même que dans son parcours se mêlent le hasard, la paresse et la chance. Après des vacances de dix ans, il se dit un jour qu’il fallait qu’il se mette à travailler : "J’ai envoyé des articles à l’Idiot international, l’hebdomadaire de Jean-Edern Hallier, le seul journal fait par des écrivains et non des journalistes, un vrai journal d’opinion, assez drôle."

Il y publie quelques articles. Et puis l’Idiot cesse sa parution. Il crée son magazine, Maintenant. A partir de là, son téléphone sonne. Le voilà chez Jean-François Bizot (Actuel et Radio Nova), puis sur Canal+ (Nulle part ailleurs), sur Paris Première, sur Europe1. Rachel Kahn l’appelle pour Ce soir ou jamais (parallèlement il anime D’art d’art sur France 2). L’aventure continue...

Particularité de Frédéric Taddeï : il invite des personnages qu’on n’ose plus convier ailleurs. Pour certains il est l’« un des derniers détenteurs d’espace de liberté au sein du paysage audiovisuel français ».

C’est beaucoup pour un seul homme. Par quel privilège serait-il seul le dernier détenteur de cet espace de liberté ? Dans les limites fixées par la loi on peut tout dire à la télé. Mais de cette liberté-là bien peu font bon usage. La preuve : Taddeï invite dans son émission qui il veut, c’est-à-dire des personnalités aussi contrastées qu’Alain Soral, Michel Collon, Shlomo Sand, Dieudonné, Marc-Edouard Nabe, Tarik Ramadan, Houria Bouteldja, Eric Laurent, Romain Bouteille, Alain Badiou, BHL, Alain Finkielkraut, Edgar Morin ou Guy Millière...

Pourquoi donc les autres animateurs sont-ils timorés, paresseux, conformistes ? Pourquoi choisissent-ils la facilité en invitant le fameux bon client qui crèvent l’écran et dont la réplique fait toujours mouche ? Le téléspectateur ne demanderait que ça, qu’ils se dégagent des ornières. Cela résoudrait certainement cette fameuse crise de la presse dont la corporation ne cesse de nous rebattre les oreilles.
On peut reprocher à Taddeï de vouloir créer le buzz en invitant des personnages infréquentables (comme on pourrait lui reprocher de ne pas les inviter !), mais qui oserait dire qu’il applique des recettes éprouvées ?

Bien sûr on a déjà vu Nabe, Dieudonné, BHL, Finkielkraut ou la hardeuse Katsumi plusieurs fois sur le plateau de Ce soir ou jamais. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt assure l’animateur qui préfère rappeler que certaines personnalités ne viennent quasiment que dans son émission, comme Paul Ariès, Edgar Morin ou, récemment, Noam Chomsky.

Pour Les RDV de l’Agora il nous explique comment il conçoit Ce soir ou jamais, comment il envisage l’avenir de la télévision et quel rôle y tient Internet. Il revient sur l’affaire Kassovitz, sur ses invités et il évoque au passage Agoravox en des termes plutôt flatteurs.

On vous le disait, un anticonformiste ! A un point tel que vous ne pouvez l’imaginer...

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