14/10/2013

[Médito] Goût

Cette semaine, le goût s'invite à notre table. Celle du repas autant que l'autel des débats qui réunit toute sorte d'idées. Les mets autant que les mots révèlent la diversité du monde. Une pluralité qu'il importe de célébrer afin de démontrer que si tous les goûts sont dans la nature c'est que chacun est légitime. Et le goût des autres autant que celui des saveurs ou des idées figure comme l'ingrédient essentiel de la recette d'une démocratie. 


A l'image d'un copieux repas, le monde apparaît parfois complexe. Voire peu digeste avec certains en-cas. Tout le monde ne goûte pas de la même manière le monde tel qu'il le voit. Celui des idées comme celui de la vie elle-même. Une complexité qui s'illustre dans notre rapport aux autres autant que dans notre existence propre. Une complexité dont on ne peut venir à bout car c'est cette diversité qui fait la richesse du monde. Les idées simplistes créent l'illusion de nous offrir des réponses toutes faites sur des questions humaines. Elles ne sont que saupoudrage sans entrer dans le coeur des sujets. 


[La gastronomie réunit le goût des idées autant que celui des autres car l'imagination est indispensable pour la cuisine et le partage nécessaire pour la convivialité.]

Couvert de la démocratie, la gastronomie apporte l'ingrédient de la convivialité, liant qui fédère les convives et révèle les saveurs.
En fait, les idées simplistes sont comme un plat insipide. Elles ne font qu'enfermer la pensée dans des schémas réducteurs qui conduisent au mieux à la propagation d'idées reçues, au pire à l'opposition entre les peuples.Et chacun sait que la saveur d'un plat réside dans la qualité de l'assaisonnement. Pourtant, nul ne peut contester qu'« une idée simple, mais fausse, aura toujours plus de poids dans le monde qu’une idée juste mais complexe » comme l'affirme Tocqueville. 
Doit-on se résigner au triste constat du sociologue ? Non bien sûr, il importe de construire un chemin qui rende accessible la complexité des choses. Et même mieux, en donne le goût à chacun. N'est-ce pas cela exercer sa citoyenneté ? Se frayer un itinéraire au-delà des apparences ; ne pas s'arrêter aux partis pris ; exercer une réflexion critique constructive.
A partir d'un mot, d'un plat unique, d'une idée simple, il est possible de bâtir une réflexion collective et de l'élever ainsi au rang de pensée.

En cette semaine du goût, savourons aussi les idées avec le plaisir de discuter ensemble autour d'un bon repas.

1 commentaire:

  1. Intéressant comme article, joli phrasé. Un goût certain pour l'écriture à partager. Le 'savoir goûter aux autres" sème le début du partage pour éclore vers un humanisme enchanteur.
    Extrait du "Repas" . Alphonse de LATARTINE (1790-1869)
    AL1 - Angers

    RépondreSupprimer

C'est à vous !