25/11/2013

[Médito] Méditocratie

A mi-chemin entre la réflexion et l'engagement, la Méditocratie se présente comme une expertise pour l'action. Un prêt à agir en quelque sorte. Dans un monde ou l'événement donne le rythme de l'action, la Méditocratie propose de reprendre la main sur le tempo. Elle donne un sens à demain et construit l'avenir. Un outil au service de ce que Michel FOUCAULT appelle le gouvernement de soi.


Est-il possible de faire exister un point de vue structuré sans faire le buzz ? Autrement dit, le rythme de vie continue dans lequel chacun de nous engage son pas est-il soluble avec une réflexion posée, argumentée et personnelle ? On peut être tenté de s'interroger là-dessus. On condamne les éditorialistes sur l'autel de l'actualité en considérant qu'ils formatent l'information en un prêt à penser stéréotypé. Leur rôle premier est pourtant on ne peut plus noble. Il s'agit d'élever au rang d'enjeux des événements de l'actualité afin de dessiner une perspective pour l'avenir. A condition de choisir les informations justes et de se tenir au monde de idées, cet exercice est salutaire pour une société. Surtout quand on observe l'actuel diktat du temps que chacun d'entre nous s'impose dans cette course effrénée du monde.
A ce propos Jules ROMAINS ne s'y trompe pas : " Les esprits d'élite discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes." Sans déconsidérer l'individu dont l'activité est fondatrice, il importe néanmoins de conceptualiser avec pour seule fin de mieux se projeter. Autrement dit, si la réflexion autant que l'action mènent la dynamique de l'engagement, il importe de donner un sens à celui-ci.

[La norme médiatique occupe la place délaissée par l'éthique politique
 mais ne la compense pas vraiment. En introduisant la pensée complexe, 
la méditocratie promeut pour sa part  la force des idées dans le temps]


Dans une récente Chronique sur le quotidien La Croix qu'il titrait sans équivoque Polémocratie Bruno FRAPPAT déplore le souci du détail, au détriment de l’essentiel. Un autre néologisme utile du nom de "méditocratie" peut alors suppléer celui de circonstance. Il signifie justement la nécessité de prendre de la hauteur par rapport aux événements de l'actualité qui forcément nous font réagir. Plus encore qu'hier, l'état actuel du monde nécessite de le penser sur le long terme. Gérer son temps passe aussi par le fait de s'octroyer la possibilité de s'arrêter sur un sujet, croiser les regards, s'interroger soi-même et sentir que la diversité est source d'un accomplissement intellectuel.

On présente souvent l'exercice de la méditation comme une pratique isolée, passive et de contemplation. Afin d'y trouver la concentration nécessaire, il est vrai que cette méthode appelle au recul et au calme. La lecture offre par exemple ce loisir singulier et ouvert. La méditocratie offre un nouvel espace dans l'emploi du temps de nos vies : le rendez-vous avec soi-même. Dans la vie de tous les jours, la méditation est-elle compatible avec une réflexion sur l'actualité ?


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