28/11/2013

[Lectures] Morale et religion

En ces temps dissonants où la vie en société se voit poussée jusque dans ses retranchements les plus extrêmes - pour ne pas dire parfois les plus sombres - il devient plus que nécessaire de raviver les fondamentaux de ce qu'il est commun d'appeler le Vivre ensemble. Et sur ce point, le philosophe Henri BERGSON (1859-1941) développe un point de vue original : les membres de la cité se tiennent comme les cellules d'un organisme. 

Le philosophe qui débuta sa carrière de professeur au Lycée David d'Angers à Angers même, avant de devenir titulaire d'une chaire de philosophie au Collège de France apporta une influence intellectuelle importante dans la création de la Société Des Nations. Ce rôle lui confère à lui seul une autorité dans l'impératif de paix entre les peuples. Bergson défend l'idée d'une double responsabilité à la fois individuelle et morale. Chacun de nous appartient à la société autant qu'à lui-même dit-il. Aussi, il est indispensable de comprendre que cet esprit du vivre ensemble ne doit pas venir de l'extérieur mais bien de l'implication des individus eux-mêmes qui composent la société. C'est aussi un encouragement à ne pas attendre tout des dogmes, idéologies et autre autorité supérieure mais d'y puiser ici et là des repères pour se constituer une discipline.

[L'habitude initiée par les besoins de la Communauté joue le même rôle que la nécessité 
dans les œuvres de la nature. Elle créée l'obligation et par conséquent le commandement. 
Un impératif qui fait autorité dans une société.]

Parce qu'il décrit Les deux sources de la morale et de la religion et à ce titre se démarque d'une pensée unique et doctrinaire, l'ouvrage de Bergson nous livre ici des repères précieux pour notre époque. Selon lui l'ordre social repose sur un commandement auquel toutes les lois physique, sociale ou morale répondent aux yeux des individus: la vie sociale nous apparaît comme un système d'habitudes plus ou moins fortement enracinées qui répondent aux besoins de la communauté.Certaines d'entre elles sont des habitudes de commander, la plupart sont des habitudes d'obéir, soit que nous obéissions à une personne qui commande en vertu d'une délégation sociale, soit que de la société elle-même, confusément perçue ou sentie, émane un ordre impersonnel. Chacune de ces habitudes d'obéir exerce une pression sur notre volonté.

Cette réflexion certes philosophique, éclaire les sujets les plus intimes de l'existence et donne une perspective à la fragilité ponctuelle que connaît notre époque. L'impératif social devient commandement moral pour agir. 

Les deux sources de la morale et de la religion, Henri BERGSON, Presse Universitaire de France, 1932.

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