09/12/2013

[Médito] Humain

A l'heure où la recherche scientifique invente des robots pour suppléer l'activité des êtres vivants dans leurs tâches quotidiennes, le terme "humain" revient sans cesse dans les conversations de salons comme auprès des acteurs de terrain comme le besoin d'un retour aux fondamentaux. Le monde actuel aurait-il perdu son humanité ? 



Pour "revenir à l'humain" selon l'expression consacrée des coach en tous genres, sans doute est-il nécessaire de laisser, momentanément, de côté tous ces supports médiatiques qui, sous le prétexte de relier les gens les empêches de se réunir. C'est tout de même une étrange question que l'on se pose face à la science et à la technique lorsqu'on pense que leur pratique n'est que l'expression des actes des individus sur eux-mêmes. En fait ce sont les comportements de tout un chacun qui sont aujourd'hui questionnés. Créer un être vivant de toute pièce, n'est-il pas le plus grand fantasme des scientifiques ? A défaut de pouvoir le modifier sans altérer sa personne et tomber dans l'hygiénisme, les chercheurs se tournent vers la reproduction physique d'un être humain.

N'oublions pas que ce qui caractérise l'être humain, c'est le langage et à travers lui l'accès à la pensée symbolique. Si l'on veut se rattacher désormais à une caractéristique authentique de l'être, c'est donc l'esprit qu'il importe de valoriser.

[Si les échanges sont rendus possibles par des tas d'outils de communication
 tels que les réseaux sociaux la présence physique de soi à l'autre,
 indispensable à la relation humaine ne peut se compenser ainsi.] 


Dans Condition de l'homme moderne Hannah ARENDT [1906-1975] observe que l'homme vit dans un monde où la technique prend de plus en plus d'importance, et où le politique s'impose sans possibilité d'écart ou de fuite. Selon elle Hommes et objets forment ainsi le milieu dans lequel se créent les activités humaines. Ce milieu précise-t-elle, le monde où nous naissons n'existerait pas sans l'activité humaine qui l'a produit. 
A travers un regard nouveau qu'elle pose sur l'homme en 1956, celle qui a fait de la philosophie une arme de résistance aux totalitarismes décompose la vita activa en trois activités humaines : le travail, l'oeuvre et l'action.
- Le travail est l'activité qui correspond au processus biologique du corps humain. Il nourrit une fonction vitale en favorisant des productions élémentaires. La Condition humaine du travail est la vie elle-même.
- L'oeuvre fournit un "monde artificiel" d'objets , nettement différent de tout milieu naturel. C'est à l'intérieur de ses frontières que se loge chacune des vies individuellesLa condition humaine de l'oeuvre est l'appartenance-au-monde.
- L'action, la seule activité qui mette directement en rapport les hommes, sans l'intermédiaire des objets ni de la matière, correspond à la condition humaine de la pluralité.



A défaut d'une réponse à toutes les épreuves de l'existence, d'aucuns y verront l'architecture d'un humanisme fécond.

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