12/12/2013

[Débat] De l'intuition à la raison

Souvent opposées intuition et raison sont pourtant fortes utiles et pas si contradictoires dans la méthode scientifique. Au sens premier qu'on lui attribue l'intuition serait dénié de fondement rationnel et ne renverrait qu'à une dimension empirique de la pensée. Néanmoins, on peut voir que si elle n'est certes pas suffisante, l'intuition assure un rôle dans le processus qu'est le raisonnement scientifique. 

Il y a ce que l'on connaît qui est étroit. Il y a ce que l'on sent qui est infini.  En si peu de mots, l'écrivain Pascal QUIGNARD s'est employé à résumer une si grande idée dont chacun à éprouver le sentiment sans parvenir à l'exprimer si distinctement. Et c'est là un des rôles de la littérature.

De l'avis de tous les philosophes, l'intuition est moteur dans le processus de la pensée. Elle offre un regard de l'intérieur certes plus personnel mais aussi pragmatique.

Même le plus cartésien en appelle à distinguer la connaissance sensible, tournée vers l'action et la connaissance rationnelle qui est une intuition ; tandis que Blaise PASCAL insiste sur le pouvoir de l'imagination.
Le philosophe Henri BERGSON ne dit pas autre chose lorsqu'il considère que l'intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie. Par opposition à l'intelligence qui saisit selon lui les objets de l'extérieur, l'intuition serait coïncidence immédiate avec le réel. Et on y parvient en se détournant des habitudes intellectuelles de penser. 

Dès lors que le théoricien l'apprivoise et s'en sert comme un outil de compréhension du monde, celui-ci fait du sens de l'intuition un véritable outil de recherche de la vérité. 


[Intuition et raison sont les deux ingrédients de la réflexion car même les hypothèses les plus rationnelles naissent d'un tâtonnement expérimental.]


Il serait toutefois vain et si peu constructif de considérer ce deux formes de la découverte du monde comme deux extrémités de l'apprentissage de la connaissance. Toutes deux complémentaires, elles doivent au contraire être envisagées en parallèle. De la même manière que littérature et philosophie sont les deux amantes de la pensée, l'intuition et la raison sont l'une pour l'autre des alter-égos. Autrement dit les deux faces d'une même pièce dans la résolution d'une énigme. Et comme on dit souvent, à deux on est plus fort. 


La véritable force de conviction provient de la réunion de l'approche sensible et de la démonstration rationnelle. La réflexion emprunte à l'expérience intériorisée la matière qu'elle agrémente de la raison. L'observateur ne s'en trouve que mieux renseigné. Il peut alors s'illustrer le propos tant par son intellect qu'à travers le fruit de sa propre expérience, dans laquelle il transpose le raisonnement. Ce dernier l'intègre ainsi par analogie. 

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