23/02/2009

Marcher rythme l'existence


Quel exercice plus traditionnel que celui de la marche à pieds. Tantôt une activité de loisirs, tantôt une nécessité devenue routinière, la marche à pieds remplit un rôle essentiel dans la vie des êtres vivants : elle lui donne un rythme. A partir de ce tempo plus ou moins rapide, chacun projette son activité favorite : rêver, se remémorer des souvenirs, échanger avec son partenaire, calmer sa nervosité et rattraper inlassablement le temps qui court.

"Comme le cœur qui bat est une pompe vitale à notre vie, la marche vient rythmer l'existence". Je me suis livré à cette réflexion en traversant Neuilly sur Seine le mois dernier. Cette idée m'a tenue l'esprit jusqu'aux champs Elysées avant que je ne prenne finalement le métro pour me rendre à Bastille. Je m'étais levé tôt ce matin là, puis disposant de ma chambre d'Hôtel jusqu'à midi, je m'étais mis à lire quand soudain une irrésistible envie de marcher me chevilla au corps. Alors je quittai ce lieu confortable pour affronter le froid.Le temps de quelques heures je me suis rêvé Beatnik. Vagabond solitaire un été dans les Pyrénnées, j'ai découvert Jack Kerouac à 2000 m d'altitude près d'un refuge aux pieds la brèche de Roland. Mais ce jour là, je me faufilais entre les voitures aux marques prestigieuses. Le décor était certes moins propice au repos et au silence. Néanmoins, le rythme que je donnais à mes pas constituait une forme de mélodie introspective. L'Homme est nomade affirme Jacques ATTALI dans un essai du même nom. Je n'échappe pas à la règle et me réjouis de cette mobilité spatiale. J'ai marché ainsi dans des villes aux quatre coins du monde. Arpenté des sols de toutes les matières. J'ai usé des semelles de chaussures dont je ne me souviens plus le modèle (sandales, espadrilles, chaussure de randonnées, basket…) Parfois même j'ai avancé pieds nus quand mes semelles avaient rendues l'âme.J'ai marché sous un climat de chaleur lourde laissant sur ma peau une pellicule moite.Dans un froid desséchant mon visage. J'ai donnée de l'énergie pour avancer. Adapté mon rythme aux circonstances, boitant avec des chaussures neuves, m'envolant sur des pics enneigés. Chaque fois mes jambes et mes pieds ont supportés mon désir d'aller plus loin. Mon corps a accepté de suivre ma volonté pour atteindre l'horizon envisagé. J'ai longé avec le plus grand plaisir des cours d'eau, de fleuves, des mers. Je me suis reposé sur quelques ports. Escale de terre. Entre terre et mer, j'ai fait le choix du premier. Et j'ai utilisé tout ce temps pour penser, élaborer des projets, réécrire mon histoire pour construire mon avenir. Marcheur du dimanche sans exclusive, je me livre à cet exercice quotidiennement. A deux ou à plusieurs, la marche permet parfois de délier les langues ou de laisser le silence libérer son langage. Mieux qu'allongé sur un divan, je me livre à des confidences en marchant que seul le souffle du vent entend et emporte avec lui. Comme Souchon lorsqu'il écrit ses textes de chansons. Parfois même, mes pensées m'emportent et je ne sens plus mes pieds se poser sur le sol. C'est à cet instant précis que je sais qu'il vaut mieux que je rentre. Il ne faut pas s'y tromper, si marcher permet l'ouverture vers d'autres activités, la marche est également une fin en soi.

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