11/03/2013

[Réflexion] Pédagogie active

A l'heure où la morosité, la peur de l'inconnu et le manque de projection s'installent dans nos esprits lassés  de cette crise comme un virus qui n'en finit pas, la question de l'accès à l'autonomie pour tous s'impose comme un enjeu de société incontournable. Elle conditionne la liberté, et se situe au coeur même de l'avenir de l'humanité si l'on veut anticiper l'épuisement programmé des ressources. La question de l'autonomie se trouve au centre du triptyque du développement durable : social, environnemental et économique.


L'autonomie questionne le rapport de soi aux autres, à la société et également à l'environnement et au futur. Evoquer cette question revient à parler de libre création d'entreprise, de préservation de l'environnement autant que de la construction des liens de solidarité. Par conséquent, les trois branches du développement durable.


Par ce que l'autonomie signifie la capacité de se donner à soi-même une loi, son apprentissage s'acquière par l'éducation et nécessite une pédagogie adaptée. 


En complément de l'éducation qui fixe le cap et l'orientation, la pédagogie dessine les moyens de l'atteindre, c'est à dire qu'elle propose une méthode d'action. Là où l'éducation apporte une réponse à la question "Pourquoi", la pédagogie développe le "Comment on s'y prend pour agir ? " à travers une double prise en compte : celle de l'apprenant comme celle du formateur. La pédagogie s'illustre donc par une méthode d'accompagnement ayant pour fin l'apprentissage d'un savoir, d'un savoir-faire, d'un savoir-vivre. Il existe de multiples courants comme autant de méthodes d'agir ou de faire agir.


« La voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration, processus essentiel de l’École, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle ». Ainsi s'exprimait le pédagogue Célestin FREINET. 

Un enjeu sociétal


Créer et favoriser les conditions d'une autonomie pour tout un chacun est un des leitmotiv du 21e siècle eu égard aux procès en assistanat de certaines méthodes tant dans les politiques publiques "sociales" que dans leurs déclinaisons autour de la solidarité locale. Pour autant, l'autonomie ne se décrète pas, elle s'acquière. Par étapes successives, par essai-erreur, par des rencontres et surtout par l'acceptation d'une certaine prise de risque. 

L'autonomie ne se distribue pas, elle se prend. A travers la frustration dont sait jouer le pédagogue, l'individu-apprenant devient d'acteur de sa propre démarche et le premier témoin de son avancée. Pour cela, le pédagogue doit laisser le "vide-créateur" à l'élève afin qu'il puisse prendre des initiatives. C'est ainsi que l'on qualifie parfois avec cavalerie de "fainéant" le bon formateur qui se refuse d'intervenir à outrance afin de laisser l'élève construire son cheminement. Bien sûr, le prédicateur doit continuer d'accompagner l'élève afin de lui apporter une présence et ses conseils un climat rassurant. 

En ce sens, l'apprenti ne doit pas vivre la méthode qu'on lui propose comme oppressante mais structurante, non comme soumise, mais acceptée. 


Une définition empirique

Dans sa définition officielle : La pédagogie active est de fait moins cadrée que la pédagogie « traditionnelle », pour laquelle on a un référentiel (programme à suivre) et des exercices calibrés pour tester les savoirs et savoirs-faires. Avec les méthodes actives, l'apprenant est certes encadré, mais il est plus autonome dans sa démarche, et le travail se fait parfois en groupe. Il faut donc présenter de manière claire à l'apprenant les objectifs de la démarche et les critères d'évaluation. On parle souvent de « contrat technique et pédagogique » : ce contrat présente les attentes techniques — au sens large, et selon la matière enseignée : compétences qui devront être mises en œuvre, volume du travail à fournir, résultat final attendu — et pédagogiques — évaluation de ce qui a été appris et de la démarche de l'apprenant, que la solution au problème soit « bonne » ou pas.


En ce sens, la pédagogie active porte en elle les conditions d'une prise d'autonomie. 

Un usage universel


Le terme "pédagogie" est couramment utilisé dans les médias dans un sens quelque peu détourné à travers l'expression "on va faire de la pédagogie". Il s'agit pourtant d'une des plus nobles tâches qu'il est donner à  un acteur de produire tant elle est positive dans sa philosophie. Ainsi, politiques, chefs d'entreprises, cadres de service ou tout autre donneurs d'ordres chargés de fixer et faire suivre une direction disent avoir recours à cette méthode. En vérité, dans ces cas précis les modalités d'action ressemble plus à de la stratégie visant à la justification de la  mise en place d'un projet, d'un dispositif ou encore d'une réforme.


Pour résister à l'air du temps, la méthode que je défends pour ma part s'inscrit dans la droite ligne de la pédagogie active où l'individu construit lui-même son cheminement accompagné par le pédagogue qui reste à côté. La finalité de la pédagogie est de permettre l'accès à l'autonomie du sujet et répond à un besoin essentiel des individus : donner du sens à ses pas. Un sens indispensable dans l'accès à l'autonomie car il permet de motiver ses propres choix, de tenir sa personnalité et de construire avec l'autre en société. Accéder à l'autonomie, c'est inscrire son existence dans une perspective. 

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